Marchés

                 La première moitié de l'année 2023 n'a pas répondu aux attentes du management de Sothema en termes de ventes. Les perturbations dans les approvisionnements, dues aux pénuries de matières premières et à l'augmentation des coûts de transport, ont entravé la production. Cependant, Mohamed Tazi, Administrateur et Directeur Exécutif support du groupe, nous assure que les choses sont rapidement rentrées dans l'ordre : "À partir du mois de juillet, les approvisionnements ont retrouvé un rythme normal, et nous avons pu augmenter nos ventes. Nous prévoyons une croissance pour l'exercice 2023", explique-t-il.

Lancement de nouveaux produits

Sothema, qui, d’après les chiffres de l’IQVIA (Ex- IMS Health)[1], a enregistré une croissance de 7% au premier semestre, contre 5% pour le marché dans son ensemble, continue d'enrichir son portefeuille de produits et d'améliorer son time-to-market. C'est un élément essentiel dans l'industrie pharmaceutique, où le premier arrivé sur un segment peut maximiser sa rentabilité. Ainsi, au cours des premiers mois de l'année, la société a lancé cinq nouveaux produits, générant un chiffre d'affaires supplémentaire de 10 millions de dirhams. En 2024, pas moins de dix nouvelles molécules seront commercialisées. À terme, Mohamed Tazi nous confie que 50 nouvelles molécules seront introduites sur le marché au cours des trois prochaines années.

Une stratégie internationale plus agile

Dans une précédente interview, le responsable nous avait confié que le groupe explorait le marché de l'Afrique de l'Est. Mais pour l'heure, les résultats n'ont pas été concluants. En revanche, l'ouverture d'un bureau de représentation en Arabie Saoudite en 2023 a rencontré un succès immédiat. "L'Arabie Saoudite est un marché très vaste qui représente un véritable levier de croissance pour Sothema", explique Mohamed Tazi. Le modèle de "bureau de représentation", également appelé "bureau scientifique" dans le jargon pharmaceutique, semble être une stratégie efficace pour une expansion rapide sur de nouveaux marchés, sans nécessiter un investissement massif, du moins dans un premier temps. Ce même modèle a été choisi pour des opérations en Afrique de l'Ouest cette année, avec l'ouverture d'un nouveau bureau en Côte d'Ivoire, qui a rapidement permis de doubler les volumes dans la région UEMOA. Sothema cherche désormais à répliquer cette expérience en Afrique de l'Est, où les démarches de prospection sont toujours en cours.

En général, le marché africain est devenu crucial pour l'activité de Sothema, avec environ une trentaine d'autorisations de mise sur le marché en cours de déploiement dans la région. Cependant, il est important de noter que ces autorisations sont tributaires des lenteurs réglementaires qui caractérisent le secteur pharmaceutique à l'échelle mondiale. En effet, il faut généralement de 2 à 3 ans pour obtenir l'autorisation de lancement d'un nouveau produit. Une situation qui devrait nettement s’améliorer après l’implémentation de l’Agence Africaine du Médicament et l’entrée en vigueur de la stratégie d’harmonisation réglementaire entre pays africains annoncée lors de divers sommets de l’UA. 

En plus de l'Afrique subsaharienne, des opportunités de croissance externe concrètes ont été identifiées au Maroc et en Europe. Celles-ci permettront d'augmenter les capacités de production et d'explorer de nouveaux marchés. Cependant, la direction souhaite finaliser ces accords avant de fournir plus de détails.

Généralisation de l'AMO : Les Impacts sur l'activité pas encore visibles

Interrogé sur les effets de la généralisation de l'Assurance Maladie Obligatoire (AMO) sur la demande de produits pharmaceutiques, la direction de Sothema explique que bien que les professionnels de la santé constatent un intérêt croissant des citoyens pour les établissements de santé, le secteur pharmaceutique n'a pas encore enregistré d'impacts significatifs. Ce décalage était prévisible, mais à terme, il devrait y avoir une augmentation de la demande pour les produits hospitaliers tels que les sérums et les héparines (anticoagulants), ainsi que pour les traitements des maladies chroniques, psychiatriques, cardiologiques et oncologiques, domaines dans lesquels Sothema occupe une position solide sur le marché.