Dans un contexte de compétition accrue entre marchés financiers européens et internationaux, l’Autorité des marchés financiers (AMF), le régulateur boursier français, vient d’annoncer une série de mesures destinées à rendre les introductions en Bourse plus attractives, plus rapides et plus lisibles. L’objectif est d'offrir aux émetteurs un cadre plus flexible, tout en maintenant un niveau d’exigence élevé en matière de transparence et de protection des investisseurs.
Le changement le plus structurant concerne la communication pré-IPO. Une société peut désormais annoncer publiquement son intention de s’introduire en Bourse dès le dépôt du document d’enregistrement, sans attendre l’approbation du prospectus complet. Ce signal fort aligne Paris avec les pratiques internationales et permet aux entreprises d’engager plus tôt la conversation avec le marché, d’ajuster leur discours et de préparer le terrain auprès des investisseurs. Une manière d’éviter les messages elliptiques et les « faux secrets » qui entourent parfois les préparatifs d’IPO.
L’AMF introduit par ailleurs une revue tripartite en amont, permettant de valider à l’avance les sections les plus stables du prospectus — informations financières, facteurs de risques, gouvernance. Une entreprise peut même demander une confirmation anticipée de la fin d’instruction sur ces parties, sécurisant ainsi l’un des volets les plus sensibles du processus.
Autre évolution majeure : l’émetteur peut désormais publier un prix maximum ou une fourchette indicative dès l’annonce de l’opération, sans attendre le visa final pour éviter les fuites et entraver le bon déroulement de l'opération.
Dans le même mouvement, le prospectus pourra désormais être rédigé en anglais, accompagné d’un résumé en français pour les investisseurs particuliers pour simplifier la vie aux émetteurs transfrontaliers et aux investisseurs globaux.
Enfin, une réunion de Place pourra être organisée au démarrage de l’opération afin d’encadrer la diffusion d'information aux analystes extérieurs au syndicat et aux investisseurs. Un cadre plus structuré qui réduit les risques d’asymétrie d’information tout en favorisant une meilleure compréhension du dossier.
Ces ajustements complètent les avancées déjà portées par le Listing Act européen, la Loi Attractivité et les mesures antérieures de l’AMF, comme l’optionalité de la tranche retail. L’ensemble doit permettre d’accélérer les calendriers d’IPO, de fiabiliser l’exécution et de renforcer l’attractivité de Paris dans la compétition mondiale pour les listings.
Dans ce paysage en mouvement, cette modernisation française peut aussi servir de référence utile pour d’autres marchés émergents, dont celui de Casablanca. Offrir aux émetteurs la possibilité d’engager tôt et clairement le dialogue avec le public et les investisseurs — sans qu’ils ne soient contraints de « tourner autour du pot » pendant des semaines — contribuerait à dynamiser la relation émetteur-marché et à fluidifier les processus pré-IPO, au bénéfice de toutes les parties.