PARIS (Reuters) - Les conditions de crédit dans le monde devraient continuer de s‘améliorer en 2018, l‘accélération de la croissance l‘emportant sur la montée des risques pour la stabilité financière comme sur les incertitudes politiques et géopolitiques, estime jeudi Moody’s Investors Service.
L‘agence de notation table sur une croissance économique de 3,2% pour les économies du G20 l‘an prochain, après 3,1% attendu cette année et 2,5% en 2016.
“Des politiques monétaires accommodantes, un moindre impact négatif des politiques budgétaires et un sentiment général résilient soutiendront la croissance des économies avancées, tandis que les politiques centrées sur la croissance en Chine, la stabilité des prix des matières premières et la reprise du commerce international soutiendront la croissance des pays émergents”, résume-t-elle dans une étude.
Plusieurs pays resteront néanmoins confrontés à des difficultés de taille, poursuit toutefois Moody‘s, qui cite entre autres le Royaume-Uni, dont la croissance devrait rester freinée par les incertitudes sur le Brexit, mais aussi le Brésil, la Turquie et l‘Afrique du Sud, où la situation politique intérieure freine les performances économiques.
Le contexte globalement favorable devrait se traduire par une diminution des taux de défaut, le modèle de prédiction de Moody’s préfigurant un taux de 1,8% seulement en 2018, contre 2,6% pour 2017 et 4,5% en 2016.
Cette baisse devrait profiter notamment au secteur du pétrole et du gaz, dans lequel la majeure partie des défauts et des ajustements a eu lieu depuis deux ans, poursuit l‘agence.
Moody’s note qu‘après plusieurs années durant lesquelles les abaissements de notes ont été plus nombreux que les relèvements, la part des perspectives stables a atteint en 2017 son plus haut niveau depuis la crise financière, que ce soit dans le crédit “corporate”, le secteur bancaire ou parmi les émetteurs souverains.
Elle ajoute néanmoins que la perspective d‘un resserrement des politiques monétaires expansionnistes dans les économies avancées peut faire peser de nouvelles incertitudes sur les marchés du crédit.
Moody’s met en avant deux foyers principaux de risques pour la stabilité financière: la possibilité d‘un ajustement important et simultané des marchés financiers et la tendance générale à l‘augmentation de l‘endettement des entreprises.
“Une correction importante des prix des actifs affaiblirait l‘activité économique par le biais des effets de richesse, de la contraction des conditions de financement pour les entreprises et les banques affectées, ainsi que des décalages entre monnaies et maturités des actifs et des dettes”, explique l’étude.
En dépit de ces risques, le caractère toujours accommodant des politiques monétaires et la faiblesse des spreads devraient continuer de favoriser les émetteurs en 2018, tant en matière de liquidité que de coûts de refinancement, poursuit l’étude.
Moody’s s‘attend néanmoins à une montée du risque de crédit dans certains secteurs, la remontée des taux d‘intérêt augmentant la pression sur les bilans des sociétés les plus endettées.
Aux Etats-Unis, l‘agence considère que les taux de défaut les plus élevés devraient se trouver dans le secteur des biens de consommation durable, tandis qu‘en Europe, ils affecteraient celui des médias, de la publicité, de la presse et de l’édition, devant celui du pétrole et du gaz.
En Asie, la hausse du risque de défaut devrait toucher les hautes technologies, ainsi que les métaux et les mines.
Dans le secteur bancaire, poursuit Moody‘s, les perspectives les plus défavorables concernent l‘Amérique latine, la Communauté des Etats indépendants (CEI) et l‘Asie-Pacifique.