L'un des défis importants auxquels fait face le secteur de l'assurance aujourd'hui est le niveau durablement bas des taux d'intérêt, avec un impact direct et négatif sur l'épargne.
«C’est une question pour laquelle nous avons créé un groupe de travail avec le régulateur (ndlr: ACAPS) pour apporter des solutions et identifier quels sont les leviers pour l’avenir», explique Bachir Baddou, Directeur général de la Fédération marocaine des sociétés d'assurances et de réassurance, lors du 6ème Meeting sur l'information financière.
Bien que les taux servis actuellement par les compagnies d’assurances soient relativement confortables -du fait des anciens stocks sous gestion- , des leviers doivent être actionnés pour pallier cette problématique dans un futur (très?) proche.
1er levier : davantage d'investissement en produits actions
Actuellement, l’essentiel de l’épargne des assureurs part en produits de taux du fait de l’engagement de la rémunération de l’épargne. Il faut aller plus vers la poche actions pour capter une rentabilité meilleure, avec un peu plus de risque.
«Il y a une façon de le faire, notamment en investissant sur les produits en Unités de compte. Les épargnants sont de plus en plus enclins à y investir parce qu’il y a une baisse des rendements», précise Baddou. Preuve en est les 1,5 milliard de DH de primes mobilisées pendant la crise de la Covid-19 sur ce type de contrats.
2ème levier : investissement sur les marchés internationaux
Pour Bachir Baddou, il est également nécessaire de permettre aux assureurs d’être plus dynamiques dans leurs investissements à l’étranger pour faire face à la baisse continue des taux. «On ne peut pas développer un secteur assurantiel fort et résilient sans lui permettre d’investir une poche à l’internationale», déplore-t-il.
Aujourd’hui, il y a des opportunités d’investissement avec de bons spread sur de la dette publique et privée que les assureurs peuvent rater.
«Il est important pour nous, assureurs, de commencer à développer cette expertise à l’étranger, à l’image des OPCVM», note-t-il.
3ème levier : diriger une partie de l’épargne vers les OPCI
La poche d’investissement en OPCI est limitée à 10% par le régulateur. «Nous sommes loin des 10%, puisque les OPCI viennent de démarrer, mais nous y arriverons très rapidement», estime B. Baddou.
L’immobilier est une vraie alternative pour les investisseurs institutionnels, avec des spreads intéressants et des TRI de 7 à 9% en moyenne. Ceci, d’autant que les OPCI arrivent avec un cadre fiscal attrayant pour les investisseurs.
«Là aussi, le régulateur devrait jouer sur ce levier et nous permettre d’aller au-delà des 10%», suggère le DG de la FMSAR.
Enfin, pour Bachir Baddou, il ne faut pas changer le cadre fiscal de l’assurance-vie parce que c’est un investissement à long terme, contrairement à d'autres placements.