Le Trésor marocain ouvre la voie à une nouvelle étape de la gestion de la dette domestique. Selon les spécialistes du marché de la dette publique, les investisseurs sont sollicités dans un premier sondage de marché en vue d’une émission inaugurale à 50 ans.
L’initiative intervient alors que les fondamentaux macroéconomiques se sont nettement renforcés, avec un déficit contenu, une trajectoire de dette stabilisée et une baisse des taux sur toutes les parties de la courbe. Autant de facteurs qui offrent au Trésor une fenêtre idéale pour tenter d’allonger la duration de son portefeuille et lisser le profil de remboursement futur.
Ces BDT 50 ans pourraient être lancés semestriellement dès juillet 2025 si l’appétit du marché se manifeste autour de taux d’intérêt indicatifs compris entre 4,5 % et 5 %. La fourchette de coupon vise à attirer un éventail large d’investisseurs tout en restant cohérente avec la prime de terme attendue sur un instrument aussi long.
Selon les professionnels, ce type d’émission réduit la pression sur le budget de l’État à court et moyen terme et répond à une demande institutionnelle en provenance notamment des caisses de retraite et des assureurs, qui recherchent des actifs de duration très longue pour couvrir leurs engagements et garantir l’orthodoxie financière. Le succès des OPCI auprès de cette catégorie d’investisseurs en est la preuve. Mais ce n’est pas tout : l’un des grands objectifs de cette initiative est de confirmer la solidité perçue de la signature souveraine. Un signal de confiance important que le Maroc pourrait envoyer aux bailleurs de fonds locaux et étrangers est d’être capable d’émettre sur un horizon aussi long.
Les investisseurs sont invités à communiquer leurs intérêts et tailles indicatives au Trésor avant toute adjudication ferme. Les premières discussions laissent entrevoir un appétit mesuré mais réel. Si le retour de marché est jugé satisfaisant, le Trésor pourrait officialiser le calendrier et le volume cible dans les jours précédant la séance du 1ᵉʳ juillet.
L’inscription d’un 50-ans sur la courbe servira de référence pour d’éventuelles émissions publiques et, pourquoi pas, privées de maturité comparable et contribuera à densifier le segment long de la courbe des taux. Pour les professionnels, le succès de cette opération poserait un jalon décisif dans la stratégie d’allongement de la dette publique et dans l’évolution de la courbe des taux marocaine vers des standards internationaux.