Le marché de l’aluminium connaît une nouvelle envolée des prix. À 2 720 dollars la tonne, les contrats à terme ont atteint leur plus haut niveau depuis neuf mois, portés par une offre mondiale sous pression et l’impact des nouvelles barrières douanières imposées par les États-Unis.
L’administration américaine a décidé de frapper un grand coup en instaurant des droits de douane de 25 % sur l’aluminium importé, visant à protéger son industrie nationale. Une mesure qui s’inscrit dans un contexte de hausse des tensions commerciales, alors que les États-Unis dépendent à 80 % des importations pour leur consommation d’aluminium.
Donald Trump, pourtant favorable à une approche plus agressive, avait initialement annoncé un doublement des taxes sur l’acier et l’aluminium canadiens, avant de faire marche arrière à la dernière minute. Une volte-face qui vise sans doute à préserver l’approvisionnement stratégique en provenance du Canada, premier fournisseur d’aluminium des États-Unis.
Parallèlement, la situation en Chine vient accentuer la pression sur les prix. En 2024, Pékin a produit 44 millions de tonnes d’aluminium, un record historique. Mais le gouvernement chinois a décidé de limiter la production à 25 millions de tonnes, un seuil fixé dès 2017 pour réduire l’excédent d’offre et limiter l’empreinte carbone du secteur.
Autre facteur haussier : la fin des allègements fiscaux sur les exportations chinoises d’aluminium. Résultat : les producteurs chinois privilégient désormais le marché intérieur, réduisant les flux vers l’étranger et contribuant à la flambée des prix sur les indices de référence internationaux.
Un marché sous tension, des conséquences en cascade
Face à ces turbulences, les industriels du secteur doivent composer avec un environnement de plus en plus imprévisible. Pour les entreprises marocaines spécialisées dans l’aluminium, la hausse des prix pourrait entraîner une augmentation des coûts des matières premières, particulièrement si elles dépendent des importations.
En 2024, ces mêmes sociétés avaient déjà été impactées par la crise logistique et les problèmes d’approvisionnement en mer Rouge, entraînant une accumulation de stocks coûteux. Cette année, la situation pourrait s’inverser : avec une demande en hausse et une offre restreinte, les tensions sur les prix risquent de compliquer la gestion des achats et des stocks.
Si certains producteurs pourraient bénéficier de la hausse des cours pour améliorer leurs marges, les acheteurs d’aluminium devront s’adapter à une volatilité accrue, avec des répercussions possibles sur toute la chaîne industrielle.
Entre guerre commerciale, régulations environnementales et pressions sur l’offre, le marché de l’aluminium entre dans une période d’incertitude, où chaque décision politique pourrait faire vaciller l’équilibre mondial.