• Généralisation de l’AMO, revue de la tarification nationale de référence, ouvertures de nouvelles cliniques…, l'année 2023 se présente sous de bons auspices pour le groupe Akidtal.
Ambiance studieuse en ce début février dans le quartier général du groupe Akdital à Casablanca où nous reçoit Ilyas El Harti, fraichement nommé Directeur général adjoint du groupe. Il y a tout juste 5 semaines, El Harti était au front en tant que directeur financier de la société pour convaincre les investisseurs de prendre part à l’aventure Akdital. Une période où le marché actions était en pleine débâcle et où beaucoup de personnes se posaient des questions sur le sort de l’opération.
Un mois et demi plus tard, alors que la poussière retombe, force est de constater que le titre résiste. Emporté par la tempête boursière générale de la fin d’anné 2022, il a vite retrouvé son cours d’introduction durant janvier 2023 et qui valorise le groupe de santé à 3,8 milliards de dirhams. Pour sa première sortie médiatique en tant que DGA du groupe, Ilyas El Harti se livre aux lecteurs de Boursenews. Interview.
Boursenews : Vous êtes rentrés en Bourse en pleine tempête sur le marché. Après coup, n’aurait-il pas fallu attendre un peu ?
Ilyas El Harti : Effectivement, nous sommes arrivés en Bourse dans une conjoncture difficile. Mais notre cotation n’était pas conditionnée par la qualité du marché au moment de l’IPO. L’introduction en Bourse répondait plutôt au souhait d’accompagner notre plan de développement très ambitieux. Le timing de l’IPO était aussi une concrétisation et une suite logique des efforts du management depuis quelques années en matière de rigueur organisationnelle. C’est un processus long auquel ont également pris part les actionnaires historiques pour construire un acteur de la santé multidisciplinaire performant et aux normes de gouvernance et de gestion qui répondent aux standards internationaux.. Et au final, la réaction des investisseurs nous a confortés dans notre stratégie. La demande a été là, avec plus de 8.000 investisseurs de différentes catégories, dont des institutionnels étrangers, qui ont souscrit à l’opération.
En tant que premier acteur privé de la santé à s’introduire en Bourse, nous souhaitons également servir de modèle pour le secteur en matière d’organisation, de transparence, et de fondamentaux économiques et financiers. Aujourd’hui, plus que jamais, le Maroc a besoin d’acteurs solides et professionnels afin de répondre aux enjeux liés à la santé.
Boursenews : Un commentaire sur le parcours boursier des premières semaines…
I.E.H : Il est vrai que le timing de l’opération a coïncidé avec une baisse du marché. Cela nous responsabilise d’emblée sur l’importance de notre stratégie de communication avec le marché. Nous devons nous assurer que les investisseurs comprennent constamment ce que nous faisons. Et pour répondre à votre question, l’évolution du cours nous a vite démontré que le comportement d’une action en bourse peut, par moment, être incohérent et déconnecté de la vie économique et de la performance de l’entreprise (Rire !).
Boursenews : Parlons des fondamentaux du secteur. 11 millions de ramedistes ont basculé vers l’assurance maladie obligatoire le 1er décembre 2022. Commencez-vous à compter cette population parmi votre patientèle ?
I.H.E : Je précise tout d’abord qu’en plus des 11 millions d’ex-ramedistes qui bénéficient désormais de l’AMO Tadamoun, il y a 3,6 millions de travailleurs nonsalariés qui commencent à profiter, à leur tour, de cette assurance. On parle donc de près de 14 millions de personnes qui jusqu’à récemment, n’avaient pas forcément accès à la santé privée. Et depuis le 1er décembre, nous ressentons effectivement un flux de patientèle de ces deux catégories de bénéficiaires surtout sur certains services qui bénéficient d’une couverture élevée, comme l’oncologie et la chirurgie cardiovasculaire. C’est une réalité que nous constatons sur le terrain et qui montre la pertinence de cette réforme. La CNSS a fourni un travail extraordinaire pour réussir cette bascule sans accrocs.
Boursenews : Dans la grande réforme de la santé, il y a aussi la revue de la tarification nationale de référence (TNR) qui revient une énième fois au-devant de la scène. Est-ce que cette fois-ci est la bonne ?
I.H.E : Le ministre de la Santé a déclaré au parlement, début janvier, que la nouvelle tarification nationale de référence allait entrer en vigueur dans les semaines qui viennent. J’imagine donc que c’est imminent. C’est en tout cas l’idée qui fait consensus dans la profession.
Boursenews : Cette nouvelle tarification est-elle bénéfique pour vous ?
I.H.E : Au-delà des cliniques, elle est surtout bénéfique pour les patients qui aujourd’hui se voient compenser le reste à charge par leurs propres moyens sur la base d’une tarification de référence qui date de 2006. En ce qui nous concerne, la nouvelle TNR va effectivement améliorer naturellement la demande sur certains services et cela nous permettra de mieux couvrir nos charges sur ces prestations.
Boursenews : La nouvelle tarification est-elle vraiment adaptée aux nouvelles conditions du secteur ?
I.H.E : Pour l’évaluer, il faudra constater d’abord les nouveaux tarifs qui seront publiés pour certains services, notamment la réanimation et les soins intensifs. Mais quoi qu’il en soit, cette nouvelle tarification va combler le gap entre la tarification de 2006 et celle d’aujourd’hui. Il s’agira d’une évolution très favorable pour le secteur et le citoyen.
Boursenews : Vos délais de paiement vont-ils s’améliorer avec cette nouvelle TNR ?
I.H.E : Ce sont deux débats différents. Le sujet de la TNR est une problématique structurelle pour notre secteur. Quant aux délais de paiement, on imagine que l’accès aux cliniques privées pour une nouvelle patientèle avec la généralisation de l’AMO, se traduira par une rallonge des délais de règlement des dossiers de cette catégorie de patients. Mais à date, nous ne constatons pas de modification particulière des délais de paiement que ce soit de la part des organismes publics CNSS et CNOPS ou de la part des assureurs privés. Quoi qu’il en soit, l’impact de la généralisation de l’AMO sur les délais de règlements a été pris en compte dans toutes ses dimensions lors de l’élaboration de nos prévisions communiquées lors de l’IPO.
Boursenews : Où en êtes-vous sur votre plan de développement annoncé lors de l’introduction en Bourse ?
I.H.E : Nous respectons le plan de développement à la lettre. Toutes les ouvertures de cliniques annoncées en 2022 ont été réalisées. La dernière en date étant celle de Salé où nous avons deux établissements. Nous continuerons à dérouler notre plan pré-money avec quatre établissements prévus au premier trimestre 2023 à Bouskoura, Mohammedia et deux à Fès qui ouvriront leurs portes aux patients conformément au calendrier annoncé.
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Propos recueillis par Adil Hlimi