Dans un contexte économique instable, Bank Al-Maghrib (BAM) exige des établissements de crédit marocains des stress-tests réguliers pour évaluer leur résilience. Ces tests, détaillés dans la Directive n°2/G/2010, aident les banques à anticiper les effets de chocs économiques extrêmes.
En effet, en utilisant une combinaison de scénarios historiques et hypothétiques, ces stress-tests visent à garantir que les banques marocaines sont prêtes à absorber les chocs sans compromettre la stabilité du système financier.
BAM impose aux établissements de crédit de se préparer à des chocs touchant simultanément plusieurs types de risques, en tenant compte de leurs interactions complexes. Le dispositif de stress-tests inclut des pressions sur les marchés d'actifs et de dettes, ainsi qu'une baisse de la liquidité, ce qui peut avoir un impact sur la valorisation des expositions. Les banques doivent évaluer l'impact de ces tests en se basant sur des indicateurs clés comme la valeur des actifs, la marge d’intérêt, le produit net bancaire, et le coefficient de solvabilité.
Ces tests se déclinent selon différents degrés de sévérité et horizons temporels. BAM exige également des banques qu'elles conduisent des tests basés sur des scénarios prospectifs, intégrant les changements potentiels dans la composition de leurs portefeuilles et les risques émergents, une démarche particulièrement utile pour détecter les vulnérabilités non capturées par l'analyse historique.
Chocs extrêmes : la préparation aux scénarios de crise
L'une des spécificités des stress-tests imposés par BAM est l'inclusion de scénarios extrêmes, conçus pour évaluer l'impact de crises profondes. Ces tests de résistance permettent d'estimer les pertes possibles et de déterminer si l’établissement pourrait souffrir d'une atteinte à sa réputation ou même d’un impact systémique. BAM exige des banques qu'elles identifient et testent les scénarios susceptibles de menacer leur viabilité et de mettre en évidence les vulnérabilités potentielles dans leurs stratégies de couverture.
Les établissements sont aussi tenus de pratiquer des reverse stress-tests, qui partent des résultats les plus défavorables pour identifier les conditions qui pourraient mener à des pertes extrêmes. Ce type de test aide les banques à mieux comprendre les situations critiques et à élaborer des plans de réponse pour se prémunir contre des crises dévastatrices.
Gouvernance et documentation des stress-tests
La gouvernance des stress-tests fait l’objet d’une attention particulière. BAM impose que les organes d’administration des banques supervisent le programme de stress-tests, s'assurant de son efficacité et de sa cohérence avec la stratégie de gestion des risques de chaque établissement. Cette documentation doit inclure une description détaillée des scénarios, des hypothèses méthodologiques, ainsi que des actions correctives envisagées pour remédier aux vulnérabilités identifiées. Ces éléments permettent d’adapter en temps réel les mesures de sécurité face aux évolutions du marché.
En cas de détection de faiblesses, les banques sont tenues de mettre en œuvre des actions correctives et de soumettre leurs résultats à BAM pour évaluation. Cette exigence de BAM permet de garantir que chaque établissement ajuste ses pratiques en fonction de l'évolution des conditions économiques et de ses propres vulnérabilités.
Avec un cadre structuré de stress-tests, BAM assure que les établissements de crédit marocains sont préparés aux crises les plus graves. Cette vigilance, renforcée par la mise en œuvre de scénarios extrêmes et de reverse stress-tests, permet d’ancrer une culture de résilience au sein des banques, protégeant les déposants et la stabilité économique du pays. Ces pratiques, régulièrement contrôlées et ajustées, sont essentielles pour garantir que les banques marocaines sont prêtes à faire face aux défis de demain.