L'agence de notation internationale Moody's a annoncé, jeudi, avoir revu à la baisse la note souveraine de la Tunisie de B1 à B2 tout en changeant la perspective de négative à stable.
Dans un communiqué, l’agence a également dégradé la note de la dette libellée en devises de la Banque centrale de Tunisie (BCT), de B1 à B2 et a ramené la perspective de négative à stable, en plus de la dégradation du ratio de la dette non garantie de B1 à B2.
Pour Moody’s, "le gouvernement de la Tunisie est légalement, responsable des paiements sur toutes les obligations de la banque centrale. Ces titres de créance sont émis pour le compte du gouvernement".
Il relève que les principaux moteurs de cette dégradation sont les prévisions de Moody's, selon lesquelles l'érosion des réserves budgétaires et des réserves de change ne s'inversera pas de manière significative au cours des prochaines années.
La dette de l'administration centrale a atteint environ 70% du PIB en 2017 et augmentera graduellement en 2018-2019, en raison de la baisse de la capacité de remboursement de la dette, fait savoir la même source, ajoutant que le déficit du compte courant restera important, passant de 10,4% du PIB en 2017 et la dette extérieure de l'économie a encore dépassé 80% du PIB, ce qui impacte les réserves.
La perspective stable reflète les prévisions de Moody's selon lesquelles les indicateurs de crédit de la Tunisie resteront conformes à la note B2, ajoute le communiqué.
"L'assainissement budgétaire est en cours et atténuera la hausse du fardeau de la dette publique, tandis que la reprise de la demande extérieure pour les services, la production manufacturière et l'agriculture aidera à réduire lentement le déficit courant, empêchant une nouvelle érosion des réserves de change", fait observer l’agence.
L’agence relève que la perspective stable reflète son hypothèse selon laquelle la Tunisie continue d'atteindre les objectifs du programme du FMI, assurant la continuité des décaissements prévus du secteur public, le gouvernement s'attendant à couvrir près de 50% des besoins de financement budgétaire.
Moody's prévoit que la dette publique atteindra 73% en 2019, contre 70,2% en 2017 et 61,9% en 2016, surtout que 65% de la dette publique est libellée en monnaie étrangère et que les dettes des entreprises publiques ne cesse d’augmenter pour atteindre 13% du PIB.
Dans ce même contexte, elle a indiqué que la vulnérabilité extérieure de la Tunisie est élevée, avec un important déficit du compte courant, largement financé par la dette et pesant sur les réserves de change.
D’après l’agence de notation, "la dynamique des comptes courants a continué de se dégrader en 2017, ce qui s'est traduit par un déficit de 10,4% du PIB contre 8,8% en 2016. Les réserves de change ont encore diminué pour s'établir à 77 jours au début de mars 2018".
Toutefois, Moody’s estime qu’avec "un gel effectif de l'embauche et une retraite anticipée dans le secteur public, combiné à des augmentations salariales modérées cette année, cette trajectoire d'assainissement budgétaire entraînera une réduction de la masse salariale à 14,2% du PIB en 2018, contre 14,7% en 2017".
"En vertu d'un accord pluriannuel entre le gouvernement et les principaux syndicats, le gouvernement s'attend à ce que la part des salaires baisse à 12% du PIB d'ici 2020", a-t-elle rappelé.