Jeudi 08 Mars 2018

La BCE fait un pas vers l'abandon de son vaste soutien à l'économie

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La Banque centrale européenne a maintenu jeudi ses taux directeurs au plus bas mais renonce désormais à renforcer son programme de rachats de dette, amorçant ainsi un prudent retrait de son vaste soutien à l'économie.

Le principal taux de refinancement a été maintenu jeudi à zéro tandis que les banques vont continuer à payer auprès de la BCE un intérêt négatif de 0,40% pour les liquidités dont elles n'ont pas l'utilité immédiate.

L'institution va poursuivre ses rachats nets de dette publique et privée, à un rythme mensuel ramené depuis janvier de 60 à 30 milliards d'euros par mois, et ce jusqu'à septembre 2018 au minimum.

Le Conseil des gouverneurs présidé par Mario Draghi a cependant supprimé de son communiqué la phrase, répétée à chaque réunion depuis décembre 2016, prévoyant "d'accroître" si nécessaire "le volume" et "la durée" de ce programme, déjà lourd de près de 2.400 milliards d'euros depuis son lancement en mars 2015.

Par ce net changement de communication, la BCE amorce une décrue irréversible du "QE" (quantitative easing), passé en avril 2016 de 80 à 60 milliards d'euros mensuels, avant de tomber à 30 milliards d'euros par mois depuis janvier.

- Guerre commerciale ? -

Cette annonce "est sans doute le premier pas prudent de la BCE sur la voie d'une normalisation progressive de sa politique monétaire, ce qui explique la hausse immédiate de l'euro", a commenté Capital economics.

L'euro cotait en effet 1,242 dollar juste après la décision de la BCE, contre 1,237 dollar auparavant.

Le calendrier de l'abandon des rachats d'actifs demeure néanmoins mystérieux, la BCE devant à la fois intégrer la conjoncture solide, la faiblesse durable de l'inflation, et désormais les menaces d'une guerre commerciale déclenchée par Washington.

Durant la conférence de presse suivant la réunion de politique monétaire du jour, à partir de 13H30 GMT, Mario Draghi devrait mettre une nouvelle fois en garde contre le protectionnisme et ses risques pour la croissance mondiale, comme en août lors du séminaire de la Réserve fédérale américaine de Jackson Hole.

L'Union européenne s'est déjà dite prête mercredi à riposter aux menaces du président américain Donald Trump de frapper de fortes taxes les importations d'acier, d'aluminium voire d'automobiles aux Etats-Unis.

La BCE s'est montrée optimiste ces derniers mois sur la croissance en zone euro, ce qui devrait se confirmer avec le nouveau train de prévisions de croissance et d'inflation à l'horizon 2020 dévoilé ce jeudi.

- Avantage aux colombes -

Mais l'évolution des prix peine à suivre celle de la conjoncture et lors de ses dernières prévisions de décembre, la BCE attendait 1,7% d'inflation en 2020, un niveau pas encore conforme à son objectif "proche mais inférieur à 2%" l'an.

Et l'hypothèse de sanctions réciproques entre Washington et ses grands partenaires économiques, mais aussi un blocage politique en Italie où les partis euro-sceptiques ont remporté les élections générale dimanche dernier, pourraient encore brouiller les cartes et peser sur le cours de la politique monétaire.

Dans ce contexte, les observateurs attendent peu d'indications ce jeudi de M. Draghi sur le calendrier de l'abandon de son vaste soutien à l'économie: la majorité tablent sur un arrêt du QE en fin d'année, dont la BCE a indiqué qu'il serait suivi "bien après" par une première hausse de taux.

La querelle, qui couve depuis plusieurs mois au sein de l'institution sur la vitesse d'application de ce plan, devrait aboutir à des annonces plus concrètes au mois de juin, estiment la majorité des économistes.

Le clan des "colombes" emmenées par M. Draghi, qui plaident pour conserver un ton accommodant tant que les perspectives d'inflation ne s'éclaircissent pas, conserverait ainsi l'avantage sur les "faucons", qui veulent voir la BCE durcir rapidement le ton.

Par AFP.

 

BCE

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