EMISSION DU 01/10 - par bourse news

Bank Al-Maghrib peut-elle calmer la volatilité du marché obligataire ?

 

En décembre, Abdellatif Jouahri, Wali de Bank Al-Maghrib, a révélé que la Banque centrale envisage de mener des opérations d’Open Market pour «fluidifier» le marché obligataire et le «réguler». Ces opérations consisteraient en des achats de bons du Trésor sur le marché secondaire, une opération inédite de la part de BAM mais qui est tout à fait possible en vue de ses statuts.

 

 

Pourquoi BAM veut-elle acheter des obligations d’Etat sur le marché secondaire ?

En 2022, le marché des obligations d’Etat a connu une hausse significative des taux couplée à un manque cruel de liquidité sur le marché où pendant plusieurs séances de l’année, le Trésor n’a pas pu se financer, refusant les exigences des investisseurs jugées élevées. Ces derniers intégraient dans leurs prix une inflation galopante et un resserrement de la politique monétaire de BAM. Il n’y a donc pas eu de conciliation entre l’offre et la demande. Mais, on le sait, le Trésor a besoin de ressources. 
 
En face, la force de frappe des banques commerciales pour continuer à financer le Trésor est de plus en plus limitée. Leur déficit de liquidité devrait atteindre les 90 Mds de dirhams en 2023 et leurs bilans ne peuvent plus détenir plus de BDT après des années fastes où elles se sont montrées boulimiques en achetant des obligations à tour de bras quand les taux étaient sur un trend baissier. Cela leur permettait d’une part, de faire des plus-values sur le portefeuille trading et, d’autre part, de maintenir la rentabilité de leurs autres portefeuilles, notamment de placements et d’investissements. 
La Banque centrale a donc dégainé ce mode d’intervention pour remettre du cash dans la machine.

 

Comment BAM va-t-elle intervenir ?


«Les interventions se feront au prix du marché sur les bons à court terme uniquement pour un montant de 25 Mds de dirhams», indique CDG Capital Insight dans ses perspectives économiques et taux pour 2023. 

 

BAM peut-elle calmer le marché ? 


 De l’avis des opérateurs de salles de marchés, l’impact serait limité sur la flambée des taux. D’abord parce que les interventions ne concernent que les maturités courtes et ensuite parce que le montant des interventions est limité à 25 Mds de dirhams. Un chiffre bas vu les dépenses du Trésor où rien qu’en tombées (les remboursements de bons du Trésor), le montant estimé pour 2023 serait autour de 140 Mds de dirhams. L’impact attendu est donc limité. Mais la Banque centrale ne peut pas en faire plus au risque d’orienter le marché, contredire sa propre politique restrictive et sortir de son cadre de politique monétaire. Car, cet outil, bien que inédit, fait bien partie des outils de politique monétaire considérés comme des «opérations structurelles à l’image des rachats de titres ou la réserve obligatoire, instruments plus communs.  
 
Vers une poursuite de la hausse des taux ? 

Le scénario central de CDG Capital Insight s’appuie sur une poursuite de la hausse des taux en 2023. Pour les analystes de la banque d’affaires, le cadre monétaire devrait rester restrictif, et bien que le Trésor pourrait maîtriser son besoin, la demande des investisseurs demeurera faible. Tout cela, en plus d’une exécution incertaine du programme de financement à l’international, poussent CDG Capital à considérer «une hausse mécanique de la courbe des taux avec un nouveau dérapage des parties moyenne et longue de la courbe». 

Un scénario alternatif dépendrait de la demande des investisseurs si la visibilité s’améliore. Mais là aussi, l’on s’attend à «une stabilité de la partie courte et une légère hausse des parties moyenne et longue de la courbe».

BAM

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