Mohamed El Kettani, PDG du groupe Attijariwafa bank.
Banque universelle multimétiers dans un marché local saturé, croissance quasiment à maturité dans les plus grandes filiales, arrivée de nouveaux acteurs et de nouveaux segments de croissance potentielle dans tous les pays de présence, évolutions réglementaires... C'est dans cet environnement qu'Attijariwafa bank a navigué pendant le premier semestre de cette année. Les détails.
Compartimentez et faites tourner le PNB d'Attijariwafa bank dans tous les sens, vous obtiendrez le même résultat : Un profil de revenus diversifié. Avec 250.000 nouveaux comptes ouverts pendant les 6 premiers mois de l'année, la banque s'est assurée d'accroître naturellement sa marge sur commissions de 11,6%. Ajoutez à cela une progression de 7,9% de l'activité de marché et vous obtenez un PNB en croissance de 3,5% à plus de 10 Mds de dirhams et ce, malgré une marge d'intérêt quasi stable. Pas besoin donc de gagner de l'argent sur les crédits (surtout au Maroc) pour accroître le chiffre d'affaires. Ce dernier est d'ailleurs de moins en moins tributaire du marché local, puisque la banque à l'international représente désormais 28% de cet agrégat, au détriment de la banque au Maroc qui ne pèse plus que 53% du chiffre d'affaires d'ATW. Cette ventilation se retrouve également dans les profits dégagés avec toutefois, une plus forte contribution de Wafa Assurance (12% contre 8% dans le PNB), au détriment de la banque à l'international (24%, contre 28% dans le PNB).
Source : Attijariwafa bank
Attijariwafa bank a également profité, en comptes sociaux, d'une baisse du coût du risque à 0,76% en juin 2016, contre 1,13% en juin 2015 grâce à sa fameuse gestion anticipative des risques. A côté, la bonne orientation des indicateurs d'efficience opérationnelle et de rentabilité ont conduit à une amélioration du coefficient d'exploitation à 33,7%. La banque, qui revendique le ratio le plus bas du secteur, combine amélioration des revenus et optimisation des charges pour arriver à un résultat net part de groupe de 2,5 Mds de dirhams, en hausse de 7,9%.
Une mutation annoncée
Partant de son profil diversifié, la banque ne souhaite pas s'endormir sur ses lauriers. Cela se constatait aisément lors de la présentation des résultats dernièrement où son président, Mohamed El Kettani, a beaucoup axé son discours sur le digital et les mutations du secteur. Ce sont d'ailleurs ces mutations qui ont déterminé les axes stratégiques du nouveau Plan de développement du groupe, "Energies 2020". Ces contraintes nous les connaissons : Une croissance mondiale mole, une maturité du secteur au Maroc mais également dans plusieurs pays de présence du groupe où la classe moyenne émerge rapidement et demande à être servie différemment, l'arrivée de nouveaux acteurs dans le digital et leur capacité à capter des parts de marché marginales et enfin, une intensification des verrous réglementaires qui rendent forcément les banques moins agiles. C'est donc dans ce cadre que le groupe devra tisser sa toile d'ici 2020. Concrètement, cette stratégie sera déclinée par une amélioration de l'expérience client au Maroc, avec une multiplication des canaux de distribution et de communication, notamment grâce à une stratégie digitale plus agressive. "Nous avons des idées et nous avons aussi des projets ficelés qui seront annoncés très prochainement", a déclaré El Kettani. L'idée serait d'aller vers plus de valeur ajoutée dans un marché où les marges se resserrent. Mais la banque ne souhaite pas s'arrêter là : "Nous entrons dans une nouvelle ère de croissance", a annoncé El Kettani en évoquant les projets du groupe en Afrique anglophone. "Ce sont désormais des marchés qui vont concentrer nos efforts". A ce titre, la banque a obtenu toutes les autorisations réglementaires pour le démarrage de l'activité au Tchad alors qu'elle est toujours en course en Egypte : "Nous confirmons être toujours en négociation pour le rachat d'une banque en Égypte. Nous ne pouvons pas donner plus de détails à cause de la confidentialité de ces négociations", a déclaré le président du groupe, Mohamed El Kettani. Outre l'expansion, le groupe doit consolider ses acquis dans les filiales historiques qui arrivent à maturité. Une plus grande qualification du personnel, une meilleure gestion des process pour rendre les filiales aussi efficaces que le vaisseau-mère, de l'intégration technologique à tous les niveaux. Les chantiers de ce plan stratégique sont énormes et l'espoir du management est d'en sortir rajeuni avec nouveau souffle capable de générer durablement de la croissance organique.
Couverture géographique du groupe au 30 juin 2016