Pas de répit pour le trésor et les gérants obligataires qui font face à une remontée très rapide des taux d'emprunt sur le marché obligataire cet été.
Bien que les finances publiques se comportent plutôt bien grâce à une bonne tenue des recettes fiscales, les investisseurs institutionnels exigent des rendements de plus en plus élevés pour prêter à l'Etat, mettant le Trésor dans une situation inconfortable en renchérissant le coût de la dette à court terme. C'est ce qu'on a encore constaté hier, mardi 16 août, avec une nouvelle envolée des taux des bons du Trésor lors d'une adjudication où le 2 ans a augmenté de 30 points de base pour retourner au-dessus de la barre symbolique des 2% (2,257%), niveau qu'il n'avait pas atteint depuis 2 ans ou plus.
Le 52 semaines a également dépassé la barre symbolique des 2% (+14,6 points de base) pour s'établir à 2,06%.
Même les maturités courtes ont connu des hausses, comme le 13 semaines qui, selon les lignes, a connu des hausses entre 6,7 et 13,7 points de base.
Cette volatilité importante du marché obligataire était attendue par les analystes, à l'image de ceux d'Attijari Global Research (AGR) qui prévoient depuis plusieurs mois une accélération des taux. La semaine dernière, alors que le 26 semaines avait sursauté de 18 points de base, le bureau de recherche écrivait dans une note que les pressions haussières sur les Taux obligataires devraient se poursuivre à court terme. Il expliquait en effet que le Trésor devrait rembourser 1 milliard de dollars durant le deuxième semestre lié à son emprunt international inaugural sur le compartiment Dollar en 2012.
Les gérants obligataires, les banques et les investisseurs institutionnels vivent mal cette remontée des taux qui se traduit par des manques à gagner ou des moins-values sur leurs placements en produits de taux. Certains estiment que la hausse des taux s'explique également par l'inflation qui se propage dans l'économie et par le manque de diversification des sources de financement de l'Etat qui n'actionne actuellement que le levier de la dette intérieur et des financements dits innovants (titrisation, leasback, etc...). Or, une palette plus large de moyens de financements aurait pu être utilisée pour limiter la pression sur le marché de la dette, comme les privatisations et le grand emprunt national qui a été abandonné et qui aurait pu capter l'épargne des MRE et des résidents.
À l’issue de la séance du 16 mais, le trésor a levé 1,9 Md, soit près de 4 Mds de dirhams depuis le début du mois d'août. Il lui reste encore 7,5 Mds de dirhams à mobiliser pour ce mois-ci.