Le HCP a publié mercredi ses chiffres mensuels sur l’inflation. Sans surprise, un nouveau pic a été enregistré avec un IPC à 8% en août après 7,7% en juillet. Le marché financier a, en bonne partie, déjà intégré la nouvelle et les analystes estiment que Bank Al-Maghrib continuera à gagner du temps en optant pour le statu quo le 27 septembre. Mais le sujet, comme en juin, ne fait pas l’unanimité.
A 8% en glissement annuel, la hausse de l’inflation est moins rapide qu’en juillet et juin après une stagnation en avril et mai. Mais certaines composantes de l’IPC continuent de monter au plafond comme «l’alimentaire » (+14,1%) et «le transport» (+12,8%)
Épargne : Les taux réels négatifs
Si l’impact est indéniable sur l’économie réelle, il l’est tout autant sur le marché financier. Car avec cette inflation, l’épargne longue affiche des rendements réels (corrigés de l’inflation) négatifs et la hausse fulgurante des taux obligataires depuis cet été n’y remédie guère. A titre d’exemple, le taux des bons du Trésor à 5 ans est à 2,65% et ne compense pas l’inflation, malgré qu’il se trouve sur des sommets de 40 mois ! Résultat : Compagnie d’assurance et caisses de retraites se retrouvent avec des contreperformance sur leurs placements effectués pour le compte des assurés et cotisants.
Que peut faire Bank Al-Maghrib ?
Pour une partie des opérateurs, augmenter le taux directeur permettra de compenser, en partie certes, la détérioration de l’épargne nationale provoquée par l’inflation. La baisse du crédit induite par une telle décision aurait elle-même pour impact de freiner l’inflation. Mais le Wali de Bank Al-Maghrib s’est déjà expliqué à ce sujet. Pour lui, tant que l’inflation est importée, agir sur le taux directeur n’aura qu’un impact marginal tout en freinant une croissance déjà en deçà des attentes à cause de la sécheresse aigue qui touche le Royaume.
Pour Ahmed Zhani, économiste en chef chez CDG Capital, «l’envolée de l’inflation, aussi bien globale que sous-jacente, n’émane pas d’un accroissement de la demande des ménages ou bien d’une source monétaire comme en témoignent aussi bien le niveau élevé du taux de chômage estimé à 11,2% au T1-2022 et la faible reprise des crédits à la consommation de seulement 2,8% en glissement annuel à fin juillet-2022 contre une moyenne de 4,8% enregistrée en 2018 et 5,6% en 2017».
Et de poursuivre dans une note d’analyse pré-Conseil de Bank Al-Maghrib publiée cette semaine : «Dans ce contexte, nous pensons qu’il est plus probable que le Conseil de Bank Al-Maghrib maintienne le taux directeur inchangé au niveau de 1,5% lors de ce prochain Conseil. Et ce, compte tenu du retour prévu de l’inflation à des niveaux largement inférieurs aux pics actuels à l’horizon de prévision (8 trimestres), des origines importées et d’offres des tensions inflationnistes actuelles».
Le chef économiste de CDG Capital évoque également «la fragilité de la reprise des crédits alimentée essentiellement par ceux destinés à la trésorerie et l’importance de maintenir des conditions de financement favorables pour soutenir la reprise économique post-covid 19», pour soutenir sa prévision.
A.H