Ce n'est pas encore complètement acté, mais le marché boursier casablancais s'approche dangereusement d'une contreperformance de -20% depuis ses sommets de début février, synonyme d'un Bear Market. En attendant cette hypothétique configuration et ses répercussions néfastes, le marché actions montre de grands signaux de faiblesse. Il devrait au terme du mois d'octobre achever un huitième mois consécutif de baisse. Car, rappelons-le, la Bourse n'a connu que 2 mois de hausse cette année, en janvier et février. Depuis, la dégringolade a démarré, alimentée au début par des résultats déjà intégrés, voire inférieurs aux attentes, puis par les effets psychologiques du boycott, du climat social "lourd" et plus récemment par des semestriels en perte de vitesse et la perspective de déséquilibres macroéconomiques et de croissance molle à venir. Les discours, aussi bien des politiques que des émetteurs, n'ont pas endigué le mouvement. Résultat : 8 mois consécutifs de baisse.
Il faut remonter à 2008 pour retrouver une série baissière similaire. Mais pas dans l'amplitude, car en 2008, après avoir inscrit son sommet historique sous les 15.000 points, les 8 mois de baisse qui ont suivi ont fait perdre au marché près de 38% de sa capitalisation. En 2018, la baisse enregistrée sur 8 mois n'est que de 18% depuis les sommets. Du moins pour le moment. La symbolique est de taille, le marché actions célébrant les 10 ans de la crise financière, quasiment - aux 8 - mois près.
La marché dans sa globalité traite actuellement à un P/E proche de 17, soit sur le bas de sa fourchette à long terme. Mais chez les professionnels, l'on se demande s'il est possible de creuser plus bas. Tant la situation macroéconomique risque de se dégrader et le coût de l'argent augmenter. De plus, sur le plan micro, c'est l'aptitude des entreprises à dégager des bénéfices annuels à même de justifier leurs cours de Bourse qui interpelle, surtout après le ralentissement du premier semestre que certains analystes n'ont pas hésité de qualifier de décevant dans leurs petits papiers.
Proche d'un Bear Market
Début février 2018, le marché actions marquait son plus haut annuel vers 13.390 points. Autour de 10.900 points ce 30 octobre à la clôture (-11,89% depuis le premier janvier), le Masi affiche une baisse de 18,50% depuis son haut récent. Nous sommes donc à moins de 2 points de pourcentage d'une baisse de 20% et du fameux statut de Bear Market. Il faudra pour cela passer sous les 10.700 points. Le marché sera-t-il soutenu avant cela ?
En regardant près de 30 ans d'historique à la Bourse de Casablanca (avec l'IGB puis avec le Masi), l'on détecte 3 Bear Market. Le premier a démarré en 1998 et a duré jusqu'en 2002. La Bourse y a perdu 51%. C'est le plus long Bear Market détecté et le marché en est sorti avec la série de réformes du début des années 2000.
Le second a démarré en 2008 où le marché a perdu près de 38% avec la crise financière internationale. Pourtant, à l'époque, le discours commun était que le Maroc est protégé des conséquences de la crise internationale. Le troisième Bear Market a démarré en 2011 avec le Printemps Arabe. Là aussi, la Bourse a perdu près de 38% après le démarrage du Bear Market.
Ces statistiques se rapprochent de celles constatées sur les marchés développés. Il est en effet de notoriété qu'un Bear Market, une fois déclenché (perte de -20% depuis le sommet), se poursuit pour atteindre un maximum autour de -40%. Le marché marocain respecte cette logique pour le moment.
Ces types de signaux (Bear Market, croix mortelle...) sont utilisés dans les stratégies passives des gérants qui répliquent les indices MSCI par exemple. Comme lors de l'apparition de la croix mortelle il y a quelques mois sur l'indice Masi, l'entrée en Bear Market peut de nouveau déclencher des ventes quasi automatiques de la part de ces gérants internationaux. Les valeurs les plus représentées dans l'indice MSCI FM seraient naturellement les plus exposées.
A travers le monde, la plupart des pays émergents et frontiers sont entrés en Bear Market cette année. Ce sera le cas au Maroc si le Masi venait à passer sous la barre des 10.700 points. Les indices FTSE sont déjà dans cette configuration.
La Bourse de Casablanca a connu 3 Bear Market depuis 1992 (baisse de plus de 20% depuis les sommets). Assisterons-nous à un quatrième ? Graphique DirectFN.
.... L'indicateur de tendance MACD a donné un signal baissier long terme en mai dernier. Il donne de bons signaux sur une horizon long terme.
Masi sur base mensuelle en données logarithmiques pour lisser les variations. Le cours se trouve sur une ligne de tendance haussière de long terme.