Sans surprise, l'accélération de l'inflation constatée sur les premiers mois de l'année s'est traduite par une hausse des revenus des entreprises cotées. Cela dit, les investisseurs ont très peu réagi à ces publications dans l'attente d'en savoir plus sur les niveaux de marge.
Selon les calculs de Sogécapital Bourse, au terme du T1-2022, le chiffre d'affaires global du marché s’est élevé à 70,4 Mds de dirhams, en affermissement de 15% par rapport au T1-2021 et de 31,1% par rapport au T1-2020. Le courtier explique cette hausse par un effet prix marqué dans les secteurs « Pétrole, Chimie et Mines », « BTP & Construction » et « Agroalimentaire », mais également par la continuité de la dynamique commerciale liée à la reprise post-crise Covid 19.
Sur le trimestre écoulé, 58 entreprises ont réalisé une croissance YoY positive du CA et 10 une évolution négative.
A l’exception du secteur des « Télécommunications », tous les secteurs de la cote ont connu une évolution positive de leur CA durant le T1-2022. Nous citons, en premier lieu, le secteur « Pétrole, Chimie et Mines », qui a apporté près de 5 Mds à la cote de plus qu’à la même période l’an passé, soit une croissance historique de 55,9%, portée principalement par l’envolée des prix des matières premières. TOTAL MAROC et MANAGEM ont vu leurs revenus croître de 1,8 Md et 1,5 Md Md respectivement, soit une croissance de 68,2% et 122,2% chacune
Au-delà d’un effet prix favorable, MANAGEM a aussi profité de la contribution au CA de la mise en production de la mine d’or de Tri-K en Guinée, à hauteur de 33%.
En termes de volume, les secteurs « Agroalimentaire » et « BTP & Construction » ont été les principaux contributeurs au CA global du marché derrière le secteur « Pétrole, Chimie et Mines », avec une augmentation de leurs revenus de 1,4 Md MAD et 1,2 Md MAD respectivement, des réalisations drainées principalement par la conjoncture inflationniste et la ré-accélération de la dynamique commerciale post-crise Covid 19.
En territoire négatif, MAROC TELECOM a contribué négativement à l’évolution du CA du marché, avec une diminution de 144,0 MDH (-1,6%) de ses revenus liée au ralentissement de son activité Mobile au Maroc ; suivie d’AUTO HALL avec une contraction de 132,0 MDH (-10,2%) de son CA avec la persistance des perturbations de la production automobile mondiale liée à la pénurie des semi-conducteurs, une tendance qui a été remarquée chez les deux autres acteurs du secteur automobile, à savoir ENNAKL et AUTO NEJMA avec un recul de 70,9 MMAD (-18,9 %) et 40,0 MMAD (-7,5%) de leurs revenus respectivement.
En pourcentage, le secteur « Hôtellerie » a marqué l’une des plus importantes croissances de la place avec la ré-accélération des revenus de RISMA, de 59,6% à 150 MMAD, ayant été pénalisée auparavant par les restrictions liées au Covid-19. Toutefois, le groupe n’a toujours pas renoué avec son niveau de CA du T1-2020 (283,0 MMAD).
A l’opposé, DAR SAADA a enregistré la plus forte baisse de revenus, soit un repli sur un an de 51,1% de son CA au T1-2022, en raison d’un glissement des livraisons suite au retard enregistré au niveau de l’éclatement des titres fonciers
Sogécapital Bourse relève également une légère augmentation du niveau de la dette nette globale du marché de 1,7% et une croissance de 11,0% de l’enveloppe d’investissement de la cote. Le niveau global d’investissement s’est élevé à 2,7 Md MAD à fin mars.
Réaction mitigée des investisseurs
Ces chiffres d'affaires en croissance n'ont trouvé que peu d'écho chez les investisseurs qui attendent d'en savoir plus sur les niveaux de marges pour neutraliser l'effet de l'inflation sur l'activité. Pour cela, il faudra attendre la fin de l'été et les publications du premier semestre où les émetteurs donneront plus d'informations sur leur rentabilité.