S’exprimant à l’occasion des assises de l’Ordre des experts-comptables (OEC), le président du Conseil d’administration de la Bourse de Casablanca a commenté la dynamique récente du marché boursier.
Les experts-comptables sont devenus des partenaires importants pour la Bourse de Casablanca dans son processus de recrutement de nouvelles entreprises à inscrire à la cote. En effet, l’expert-comptable est le premier conseiller du chef d’entreprise. Ce dernier sollicitera souvent son commissaire aux comptes pour faire un choix entre les modes de financement disponibles et force est de constater que la levée de fonds à travers la Bourse n'est pas encore une option démocratisée. En ce sens, l’expert-comptable peut être un excellent prescripteur et la Bourse de Casablanca l’a bien compris. Kamal Mokdad, président du conseil d’administration, a évoqué ce rôle de tiers de confiance pour encourager les entreprises à faire appel au marché des capitaux pour leurs financements, à l’occasion des assises de l’Ordre des experts-comptables tenues cette semaine à Casablanca. Il est revenu sur un partenariat signé au premier trimestre entre les deux institutions et qui porte sur plusieurs axes liés à la promotion du marché financier et la mise en valeur du rôle de l’expert-comptable comme conseiller dans l’accompagnement des entreprises pour l’ouverture de leur capital. Ce partenariat s’est traduit par le lancement d’un certificat professionnel dont la première promotion sera connue en septembre après un processus de formation basé sur un cas réel - le processus est orignial- où l’expert-comptable candidat devra présenter une PME intéressée effectivement par l’ouverture de son capital dans une logique de croissance ou de transmission.
Mokdad a en outre encouragé les experts-comptables à orienter leurs clients vers la Bourse. « Sur les 27 IPO réalisées par des PME ayant entre 10 à 20 millions de dirhams d’activité, la moitié a réussi à multiplier par 4 les revenus et à passer à un stade plus important avec des indicateurs beaucoup plus grands. C'est important de dire aujourd'hui que la Bourse de Casablanca est devenue, en plus d’un baromètre, un moyen de financement important pour les entreprises, quelles que soient leurs tailles, qu'elles soient PME ou grandes entreprises. »
IPO populaires et retour des petits porteurs
Intervenant dans un panel sur l’importance de la confiance pour le développement des entreprises et des marchés, Mokdad a fait le point sur la dynamique que connaît la Bourse de Casablanca depuis quelques mois. « Les récentes introductions en bourse ont suscité un engouement exceptionnel, particulièrement les deux dernières, qui sont Akdital et CFG Bank. Pour ces deux introductions en bourse, il y a eu des demandes qui ont largement dépassé les montants demandés par ces entreprises », s’est félicité Mokdad, pour qui « un autre marqueur de confiance très important à signaler, c'est le retour des petits porteurs. C’est le véritable indicateur de confiance des investisseurs dans les marchés boursiers. Pour ces introductions en bourse, on a eu jusqu'à 30 000 petits porteurs qui ont fait confiance à ces entreprises, ce qui est très intéressant. »
Le nombre d'investisseurs actifs a augmenté de 58% en 2023
Les déclarations de Mokdad sont corroborées par les statistiques du marché pour 2023 qui montrent qu'à fin décembre, l'on compte 167.181 comptes titres de personnes physiques, soit 18.371 de plus qu'en 2022 (+12%). Ce chiffre regroupe aussi bien les comptes ouverts auprès des banques que ceux ouverts auprès des sociétés de Bourse et qualifiés d'investisseurs actifs. Ces derniers sont de 9 479 à fin décembre 2023, en hausse de 58% par rapport à 2022.
Au total, les personnes physiques étaient à l'origine de 14% des volumes en 2023, contre 30% pour les OPCVM et 42% pour les investisseurs institutionnels, les étrangers ont généré 10% des volumes, une répartition quasiment stable depuis quelques années.
Une liquidité soutenue
Outre le retour des petits porteurs et des IPO populaires, l'autre paramètre de mesure de cette confiance grandissante et de la bonne santé du marché, selon le président de la Bourse, c'est la liquidité disponible sur le marché. « C'est un volume quotidien moyen qui dépasse 300 millions de dirhams cette année », rappelle-t-il en soulignant que les sociétés cotées contribuent à 26 % de l’effort d’investissement global et payent 20 % de l'impôt collecté. Ce niveau de liquidité place la Bourse de Casablanca à la deuxième place au niveau africain.