• L'Égypte et l'Arabie Saoudite représentent 46 % de la nouvelle liste Forbes des meilleures fintech de la région MENA.
• HPS est la seule entreprise marocaine dans ce top 30.
Par K.A
Portée par des levées de fonds record d’année en année, l’industrie des fintech connaît une forte dynamique à l’échelle mondiale et régionale. Au Maroc, force est de reconnaître que malgré les bonnes intentions des pouvoirs publics de développer l’écosystème des fintech, celui-ci reste en deçà des attentes. Comme en témoigne le récent classement des 30 meilleures entreprises fintech de la région MENA, dévoilé tout récemment par Forbes Middle East.
Dans ce classement, l'Égypte et l'Arabie Saoudite représentent plus de 46% de la liste, avec respectivement 8 et 6 fintech. Le Maroc aux côtés du Bahreïn et de l'Irak y figure avec seulement une seule entreprise. Une faible représenation.
Il faut dire que le Royaume accuse un net retard par rapport à d’autres pays de la région dans le monde de la fintech. Pour les experts, ceci est largement dû au bon niveau de bancarisation au Maroc et à la préférence prononcée des utilisateurs pour le cash. Le changement des habitudes de paiement étant un fait sociologique qui prend du temps. Notons que la dernière levée opérée par une fintech marocaine a été effectuée par Yalla Xash, en juillet 2022, auprès de Maroc Numeric Fund II pour un montant de 6 MDH.
Le développement de l’écosystème des fintech au Maroc demeure également tributaire de la volonté des banques à partager leur expertise, leur savoir-faire, leurs données clients ainsi que leurs agréments avec des start-up porteuses de projets innovants. Il faut rappeler que les fintech ont investi des créneaux où les banques ne pouvaient pas offrir leurs services de manière optimale, mais ces dernières rattrapent leur retard et se positionnent désormais elles-mêmes en tant que fintech au service des nouveaux usages de leurs clients.
HPS en porte-étendard
Seule société marocaine présente sur cette liste, HPS est également la fintech la plus ancienne puisqu’elle est fondée en 1995. Cotée à la Bourse de Casablanca, sa capitalisation boursière dépasse les 435 millions de dollars.
Fer de lance de son activité, sa solution de paiement «PowerCARD», est utilisée par plus de 450 institutions dans plus de 90 pays. En 2022, ses bénéfices ont franchi le seuil des 100 MDH pour la première fois alors qu’elle espère doubler voire tripler ses revenus à horizon 2027.
Les entreprises de paiement dominent le classement. Sur les 30 entreprises, trois sont principalement des plateformes d'achat immédiat et de paiement ultérieur : Tabby, Tamara et valU. La première est valorisée à 660 millions de dollars, tandis que le saoudien Tamara a annoncé en mars 2023 une facilité de crédit de 150 millions de dollars auprès de Goldman Sachs, pour porter sa valorisation en fonds propres et en dettes à 366 millions de dollars.
Le Fawry égyptien pour la technologie bancaire et les paiements électroniques est en tête du classement 2023. Ses revenus ont augmenté de 37,5% en 2022 pour atteindre 75 millions de dollars. Au 21 mars 2023, sa valeur marchande était de 542 millions de dollars.
La liste de Forbes a été établie en tenant compte du montant d'argent exécuté via les canaux numériques en 2022, du nombre de téléchargements d'applications et d'utilisateurs actifs, de la présence géographique, de la croissance annuelle, de l'innovation, de l'impact, de la valorisation et du financement des investisseurs en capital-risque.
Un Fintech Center pour dynamiser l’offre
Au début du mois courant, CDG Invest, la branche investissement du Groupe CDG, a lancé le «Fintech Center», l’offre Studio de son programme d’incubation et de financement 212Founders, dédiée aux entrepreneurs et start-up marocains opérant dans les services financiers.
Le Fintech Center a pour triple ambition de dynamiser l’écosystème fintech au Maroc en jouant un rôle complémentaire de facilitateur (dossiers réglementaires, partenaires des services financiers), faire émerger des champions nationaux et soutenir leur internationalisation dans des marchés similaires, précise la même source.
Il s’agit d’un dispositif d’accompagnement étalé sur 18 mois, de l’idéation au lancement du produit financé par un investissement pre-seed allant de 2 millions de dirhams à 7 millions de dirhams.