Un maintien du taux directeur est largement anticipé par le marché malgré l’apparition, un peu plus marquée qu’en début d’année, d’un courant qui anticipe un tour de vis de la part de la Banque centrale. Mais encore.
Le deuxième Conseil de Bank Al-Maghrib pour l’année se tient dans quelques heures. Statu quo et maintien de la politique accommodante de la Banque centrale sont largement anticipés par les opérateurs, comme l’ont montré les différentes prévisions des bureaux de recherche la semaine dernière. Cela dit, le consensus est moins marqué qu’en début d’année, à cause d’une inflation historique et persistante.
Pour certains opérateurs, la décision de maintenir le taux directeur à 1,5%, si elle est prise ce mardi, ne fera que repousser à septembre le débat sur le resserrement de la politique monétaire, avec cette fois-ci, encore plus d’attentes.
Mais au-delà de la politique monétaire, le marché attend Bank Al-Maghrib sur les prévisions de croissance. L’institution et son Wali avaient douché les marchés en mars avec une prévision revue fortement à la baisse, anticipant tout juste 0,7%.
Bank Al-Maghrib avait revu à la baisse ses anticipations en raison de la faible pluviométrie. A l’époque, le Wali avait précisé que cette prévision ne prenait pas en compte les précipitations du mois de mars. Mais depuis, le climat inflationniste et la baisse de la demande émanant des partenaires européens sont passés par là. Bank Al-Maghrib va-t-elle maintenir ses prévisions de croissance ? Là aussi, le commentaire de Abdellatif Jouahri sera tout aussi important que les décisions de politique monétaire.
De son côté, le gouvernement avait révisé ses anticipations de croissance à +1,7% contre +3,2% projeté dans la Loi de Finances 2022. Idem pour les institutions internationales dont les prévisions s’établissent désormais entre +1,1% pour le FMI et +1,3% pour la Banque mondiale, comme le rappelle BKGR dans un papier post-Conseil paru la semaine dernière.
Le ralentissement économique semble déjà présent au T1 2022 où le HCP (haut-commissariat au Plan) estime la croissance économique à +1,8% (contre +7,9% au T4 2021) sous le poids du repli de -12,1% des activités agricoles non compensé par la hausse de +3,3% de la valeur ajoutée non agricole. Cette tendance devrait se confirmer au T2 puisque le PIB est attendu en hausse timide de +1,8%.
Ceci étant et au regard des dernières estimations du ministère de l’Agriculture tablant sur une production céréalière pour la saison 2021/2022 de 32 MQx à fin mai (contre 25 MQx pris comme base de révision par la Banque centrale), «Une légère revue à la hausse du taux de croissance économique pourrait en résulter à l’issue du prochain Conseil de politique monétaire», pronostique AGR.