Les investisseurs auront tout intérêt à peaufiner leurs stratégies pour tirer parti des opportunités offertes en 2025. Sur quels secteurs cotés se positionner cette année ? Décryptage.
L’euphorie laisse place à la réflexion à la Bourse de Casablanca. Après une année 2024 record, marquée par une progression de 22,16% du Masi et une capitalisation boursière historique de 765 milliards de dirhams, les regards se tournent vers 2025. Les investisseurs, tout en gardant des attentes réalistes, restent optimistes quant aux perspectives du marché cette année. Toutefois, cet enthousiasme doit s'accompagner d'une analyse plus fine des niveaux de valorisation actuels et des opportunités qu'ils offrent. Et bien que le marché actions affiche en effet des niveaux de valorisation élevés par rapport à d'autres places boursières similaires, son Price-Earnings Ratio (PER) moyen de 18x, reste légèrement inférieur à sa moyenne des cinq dernières années et en phase avec ses valorisations historiques.
Selon Abderrazzak Elmaghraoui, CEO de Serval Asset Management, "chaque hausse de 5% de la capacité bénéficiaire du marché réduit le PER global du marché d'une fois". Un repère que les investisseurs doivent garder en tête pour piloter leurs portefeuilles cette année. Selon les calculs de l'expert, le PE actuel du marché, en tenant compte de résultats normatifs de Maroc Telecom, se trouve entre 17 et 18 fois, ce qui permet de soutenir les valorisations actuelles et écarter toute hypothèse de surchauffe. Bien entendu, il faut être selectif.
Dans ce contexte, les stratégistes recommandent de privilégier des entreprises qui offrent une bonne visibilité sur leurs projets et perspectives. Ces sociétés doivent également justifier une valorisation cohérente avec leurs fondamentaux tout en démontrant une capacité à améliorer leurs bénéfices en 2025. Ainsi, ces critères deviennent essentiels pour sécuriser des rendements attractifs et limiter les risques sur un marché où les valorisations, bien que élevées, restent soutenues par la profitabilité des acteurs cotés.
BTP et infrastructures : l’atout Coupe d’Afrique et Coupe du Monde
Le secteur du BTP se distingue comme le moteur de 2025, grâce à un environnement structurellement favorable. D’une part, des projets d’envergure nationale, tels que la reconstruction post-séisme d’Al Haouz (120 milliards de dirhams sur cinq ans), dynamisent l’activité. D’autre part, les infrastructures sportives nécessaires pour accueillir la CAN 2025 et la Coupe du Monde 2030 renforcent davantage les perspectives de ce secteur. "Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les ventes de ciment ont enregistré des croissances solides au dernier trimestre 2024, signalant une reprise durable", souligne Abderrazzak Elmaghraoui, CEO de Serval Asset Management.
Banques : un "must have"
En parallèle, le secteur bancaire demeure un choix stratégique. Malgré une performance notable ces dernières années, les banques marocaines affichent encore une valorisation attractive avec un PER moyen de 13. En outre, ce secteur profite d’une hausse continue de la capacité bénéficiaire des entreprises qui le composent, tout en jouant un rôle stabilisateur face aux éventuelles incertitudes économiques ou géopolitiques. Pour Elmaghraoui, "les banques combinent résilience et potentiel de croissance, ce qui en fait un choix prudent et stratégique pour 2025".
Santé et logistique : des relais de croissance fiables
De plus, les secteurs de la santé et de la logistique figurent parmi les relais de croissance les plus prometteurs, notamment Akdital qui déploie son plan stratégique de toute vitesse. La demande croissante en équipements médicaux et services de santé continue de booster les perspectives des acteurs cotés dans ce domaine. Quant à la logistique, elle bénéficie de projets structurants, tels que le port de Nador West Med, qui devrait renforcer les flux commerciaux dès 2026. Des entreprises comme Marsa Maroc en sont les principaux bénéficiaires.
Immobilier : une poursuite de la croissance
En parallèle, le secteur immobilier connaît un regain d’intérêt grâce au programme d’aide au logement (2024-2028) et à la demande accrue pour des infrastructures résidentielles et hôtelières. Toutefois, bien que des défis subsistent, notamment sur les segments premium, les catégories soutenues par des politiques publiques offrent des opportunités tangibles.
2025, l’année de la sélectivité et de la diversification
En définitive, bien que les fondamentaux économiques restent solides – inflation maîtrisée sous 2%, croissance du PIB prévue à 3,9% – 2025 s’annonce comme une année où la sélectivité sera cruciale. Ainsi, les investisseurs devront se concentrer sur des entreprises capables de délivrer une croissance soutenue dans un environnement compétitif.
"2025 sera une année de croissance, où il faudra miser sur des entreprises capables de maintenir leur rentabilité tout en naviguant dans un contexte de valorisations élevées," conclut Elmaghraoui. Pour les investisseurs, diversifier entre secteurs porteurs (BTP, banques, santé, logistique) et valeurs sous-valorisées sera donc déterminant.