L'indice MASI a perdu 3,82 % ce 5 janvier à la clôture, alimenté par la perspective d'une forte remontée des taux secondaires vendredi et un fort marquage des taux longs mardi prochain.
Panique généralisée ce 5 janvier à la Bourse de Casablanca où l'indice Masi a essuyé une perte de près de 4%, sur des volumes de 106 MDH, perçant par la même occasion ses plus bas de 2022 et retrouvant des niveaux jamais revisités depuis octobre 2020, alors que la hausse des taux revient au cœur des préoccupations.
L’élément déclencheur
Les opérateurs anticipent une forte remontée des taux sur le marché secondaire des bons du Trésor demain le 06 janvier pour enfin dénouer le blocage qui existe sur ce marché depuis des mois.
Selon des opérateurs du marché obligataire, le Trésor va également lever sur le long terme lors de sa prochaine adjudication mardi prochain, chose qu'il évitait depuis un moment, en ne se concentrant que sur les maturités courtes. Or, cette pression sur les taux courts les a fait beaucoup augmenter avec désormais un 52 semaines supérieur aux taux à 10 ans et même aux taux à 30 ans ! Ainsi, le marché anticipe une pentification de la courbe primaire dès la prochaine adjudication du Trésor et des taux longs qui devraient rattraper leur retard. Le 10 ans devrait sans doute s’installer bien au-dessus des 4%.
L’impact sur les actions
Ces anticipations ont pour impact de revaloriser les primes de risque appliquées aux actions et donc de réduire leurs valorisations théoriques, ce qui justifie les ventes panique réalisées essentiellement par les investisseurs professionnels ce 05 janvier.
Le manque de contrepartie dans un marché déjà morose a facilité la baisse des actions alors que les niveaux de P/E de certains dossiers qualitatifs semblent excessivement bas.
Marché obligataire : Bank Al-Maghrib peut-il calmer les esprits ?
Bank Al-Maghrib devrait acheter quelque 25 milliards de dirhams de bons du Trésor sur le marché secondaire pour rendre le marché des bons du Trésor un peu plus liquide, apprend-on auprès des opérateurs de marché. Mais ces opérations inédites dans l'histoire de la Banque centrale ne semblent pas freiner la tendance sur le marché obligataire.
Le but de ces interventions est de permettre aux banques de réduire leur exposition en bons du Trésor et de leur offrir ainsi des marges pour acquérir de nouveaux BDT sur le marché primaire. Or, selon les traders taux, ces interventions ne concernent que les maturités courtes et le montant des interventions est limité à 25 Mds de dirhams. Insuffisant pour faire retomber la pression quand on sait que le Trésor va devoir débourser près de 140 Mds de dirhams en remboursements cette année et que c'est la partie longue de la courbe qui préoccupe le marché.
Mais la Banque centrale ne semble pas vouloir en faire plus en matière d’interventions, du moins pour le moment. Car, pour éviter de nuire à la bonne conduite de la politique monétaire et surtout ne pas influencer le marché, Bank Al-Maghrib est obligée de ne pas étendre son programme d’achat d’obligations sur des maturités plus longues.
En plus des tensions sur le marché obligataire, la tendance de fond baissière sur les actions reste alimentée par le risque d’une année de sécheresse. Tout cela dans un environnement monétaire restrictif.