• BMCI veut doubler la vitesse de croissance des encours ESG par rapport aux encours classiques à horizon 2025.
La filiale de BNP Paribas a pris le taureau par les cornes avec des actions concrètes en matière de décarbonatation et de finance verte pour atteindre ses objectifs stratégiques, en ligne avec la vision de son actionnaire BNP Paribas. Hicham Seffa, président du Directoire de BMCI, en a témoigné à l'occasion du ftour-débat organisé par Finances News Hebdo récemment sur la décarbonation.
«Nous sommes la banque verte par excellence», a-t-il scandé fièrement. Au-delà de son identité visuelle, le dirigeant de la filiale de BNP Paribas faisait référence au comportement et à l'esprit responsable de la banque, qui lui imposent plusieurs contraintes en matière de portefeuille client. «Je vous rappelle qu’aujourd’hui, nous sommes interdits d’accompagner les investisseurs dans plusieurs secteurs et de sortir progressivement d’autres domaines d’activité, à l’image de l’extraction pétrolière et certaines industries, ce qui fait de nous un acteur unique au Maroc sur ce volet».
Mais avec ces contraintes, assure le management, cela n'empêche pas de générer de la croissance et du résultat.
Précurseur dans les financements verts
Récemment, la banque a placé le premier Sustainability Linked Loan au Maroc. Ce tout nouveau type de financement pour les entreprises est un crédit dont le coût est indexé sur des critères de durabilité. En plus des traditionnels covenants financiers, la banque et son client négocient des KPI extra-financiers, environnementaux ou sociaux, suffisamment matériels et ambitieux pour le secteur d’activité de l’entreprise.
Les KPI choisis peuvent être de nature environnementale : les émissions de gaz à effet de serre, la consommation d’eau, le recours aux énergies renouvelables, la réduction des déchets... ou Sociale : taux de femmes dans l’effectif global et/ou dans les organes de gouvernance, taux d’accident de travail… L’atteinte des objectifs définis pour ces indicateurs pendant la durée du prêt donne lieu à une révision à la baisse du taux d’intérêt du crédit. Une manière pour l'établissement de crédit de contrôler la durabilité de l'activité de ses clients, chose sur laquelle les banquiers n'ont pas encore la main. «Aujourd’hui, l’audace doit venir de la part de tous les acteurs y compris des banques avec des propositions systématiques en matière d’alternatives de financement pour aller dans le vert. Quand il y a beaucoup de projets et d’ambitions, cela va pousser les banques à créer des mécanismes pour y répondre, se financer via des Green bonds ou des montages financiers plus complexes», a indiqué Hicham Seffa.
Pour BMCI, octroyer des financements verts lui permet de renforcer ses encours ESG, en ligne avec sa stratégie de développement de la finance durable à horizon 2025, qui vise à doubler la vitesse de croissance des encours ESG par rapport aux encours classiques.
Taxe carbone : Contrainte ou opportunité ? Dirou Niya, suggère Seffa
«Dans un pays qui se projette à moyen long terme, il faut dire que la contrainte de décarbonatation doivent être adressées à court terme et en urgence», indique le président du Directoire de BMCI à l'occasion du panel. Selon lui, «la taxe carbone de l'Union européenne contribuera fortement à l’accélération et à l’émergence d’une industrie nationale verte et décarbonée». Et de conclure, «Inspirons-nous de l’équipe marocaine du football qui a travaillé avec audace pour réaliser de grandes choses malgré l'adversité. Nous en sommes capables, il faut juste y croire et adopter la ‘niya’.»