Mercredi 19 Mars 2025

Sonasid : un sidérurgiste qui résiste à l’épreuve du temps

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  • Après une année 2024 de forte croissance, permettant de récolter les fruits de la stratégie annoncée par le management il y a près de cinq ans, celui-ci présente de nouveaux relais de croissance pour soutenir les résultats.

 

En l’espace de quelques années, Sonasid s’est transformée d’une société qui se contentait de refléter la conjoncture du marché mondial de l’acier en une entreprise qui la défie. Preuve en est : le sidérurgiste marocain a annoncé ses meilleurs bénéfices depuis 2009, alors même que les prix de l’acier sont en bas de cycle, confirmant ainsi la justesse d’une stratégie amorcée il y a près de cinq ans.

À l’époque, la nouvelle équipe dirigeante, avec à sa tête le Directeur général Ismail Akalay, a présenté au marché une stratégie reposant sur une montée en puissance des capacités industrielles, en quadruplant ses enveloppes d’investissement dans l’excellence opérationnelle (modernisation de l’aciérie, automatisation de la chaîne de production et renforcement des laminoirs, notamment à Nador…) et le lancement de nouveaux produits (développement de gammes à plus forte valeur ajoutée, comme le fil pour l’automobile ou le fil précontraint pour la construction). Le management a également été visionnaire en donnant une orientation « verte » à la production, qui permet aujourd’hui de produire un acier via un procédé 100 % recyclage (ferraille locale et importée) et d’utiliser 90 % d’énergie verte, grâce notamment à un parc photovoltaïque de 4 MW à Nador, en cours d’extension à 6 MW. Résultat : une empreinte carbone limitée à 400 kg de CO₂ par tonne d’acier (contre 1 900 kg en moyenne mondiale) et surtout une position favorable pour répondre aux nouvelles exigences environnementales, dont la future « taxe carbone » européenne (CBAM).

Si la période Covid et les turbulences qui s’en sont suivies n’ont pas permis d’observer immédiatement les effets de cette stratégie, l’année 2024 vient confirmer la justesse des orientations. En effet, sur l’exercice 2024, Sonasid a enregistré un chiffre d’affaires consolidé de 5,495 milliards de dirhams, en hausse de +10 % par rapport à l’an passé. Derrière cette progression, on retrouve un bond de +15 % des volumes vendus, partiellement compensé par un effet prix négatif de -5 % lié à la conjoncture internationale. L’EBITDA social ressort à 327 millions de dirhams (+24 % par rapport à 2023). Le résultat net social atteint 151 millions de dirhams, bondissant de +91 %, et le résultat net part du groupe s’établit à 141 millions de dirhams, quasiment doublé en un an. En toile de fond, deux facteurs majeurs ont soutenu cette dynamique : l’effet volume (avec plus de 92 000 tonnes additionnelles vendues) et la poursuite d’un vaste plan de réduction des coûts (-213 dirhams par tonne), qui a permis de dégager 153 millions de dirhams d’économies.

Le conseil d’administration proposera à l’Assemblée Générale un dividende de 39 dirhams par action, soit 152 millions de dirhams distribués. Cela représente une distribution proche de 100 % du résultat social, traduisant la confiance du groupe dans la solidité de sa trésorerie (722 millions de dirhams d’excédent de cash) et dans ses perspectives.

Les déterminants de la performance 2024

Si le sidérurgiste a pu réaliser quelques opérations d’export, notamment vers le Canada ou la Mauritanie, c’est avant tout la demande marocaine qui tire les ventes. Plusieurs projets structurants dopent la consommation de rond à béton et d’aciers spéciaux : construction et rénovation d’infrastructures sportives (Coupe d’Afrique, potentiels projets pour la Coupe du Monde), programmes de logement social et reprise dans l’immobilier résidentiel, ainsi que barrages, énergies renouvelables, extension de ports et de routes. Des projets d’infrastructures appelés à s’accélérer.

Les relais de croissance

Sonasid s’est lancée dans la production de fibres d’acier (depuis 2022), de fils machine « haute performance » (fin 2024) et prépare une unité de torons précontraints (prévue pour 2026). L’automobile est également un axe important : le groupe fournit déjà des câbles et vise l’armature de sièges. Objectif : porter à 13 % la part de ces segments dans l’EBITDA d’ici 2029.

Le groupe veut également se lancer dès 2025 dans la valorisation des métaux non ferreux. En recyclant la ferraille, Sonasid récupère aussi de l’aluminium et du cuivre. Le groupe compte franchir un cap en les transformant localement en lingots pour le marché marocain (fortement importateur). Il souhaite produire entre 5 000 et 6 000 tonnes d’aluminium et 1 000 tonnes de cuivre avant fin 2025. Par ailleurs, la société va mettre en place une production de rond à béton parasismique, s’inscrivant ainsi dans la tendance de construction durable et sécurisée.

Selon Ismail Akalay, le groupe va lancer une usine différente par an jusqu’en 2030, toujours dans l’objectif de se diversifier et de réduire la dépendance aux cycles de l’acier. Youssef Hbabi, Directeur financier du groupe, assure que ces objectifs sont atteignables grâce à deux atouts de taille : un laboratoire de R&D performant, qui permet de nourrir de nouvelles idées, et une trésorerie excédentaire importante, qui facilite la mise en œuvre rapide de ces projets. Il souligne que la trésorerie du groupe, longtemps immobilisée, est aujourd’hui mise à profit pour générer de la rentabilité à moyen terme.

Pour Assia Baraka, Directrice commerciale du groupe, outre les nouveaux projets, la croissance organique du marché du BTP va permettre de consolider la croissance à court terme de l’activité. « L’infrastructure a été le premier moteur de la croissance. Mais on voit de plus en plus aussi une reprise dans un certain nombre de programmes de logement. Cela soutient la demande sur le marché local… Les fondamentaux du secteur de la construction sont aujourd’hui beaucoup plus forts et en vraie rupture par rapport aux années précédentes », explique-t-elle en conférence de résultats. « C’est une dynamique qui est extrêmement favorable et nous sommes bien positionnés pour capter cette croissance », assure-t-elle.

Une stratégie bien accueillie par la Bourse

Entre 2019 et 2024, le titre Sonasid est passé d’environ 200 dirhams à plus de 1 700 dirhams, portant la capitalisation boursière de moins d’un milliard à plus de 6 milliards de dirhams. Pour Youssef Hbabi, cette évolution reflète la reconnaissance par le marché des efforts de réduction de coûts et de décarbonation, ainsi que l’appréciation des investisseurs pour la diversification des produits, dans un contexte porteur pour le BTP.

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