Une nouvelle hausse des taux d'intérêt "sera appropriée" en mai si les prévisions de la Banque centrale européenne, qui s'attend encore à une inflation élevée, se réalisent en dépit des récentes tensions financières, a déclaré jeudi son chef économiste.
La BCE a publié en mars une série de prévisions macroéconomiques pour les mois à venir, en tablant notamment sur une inflation hors énergie et alimentation qui sera plus élevée en 2023 qu'en 2022.
"Si, au moment de la réunion de mai, ces projections sont en voie d'être atteintes, alors une hausse des taux sera appropriée", affirme Philip Lane, membre du directoire de l'institution, dans une interview à la Cyprus News Agency.
La BCE a établi ses prévisions de mars avant l'émergence des tensions sur les marchés financiers après des faillites bancaires, ces tensions suscitant un supplément d'incertitude pour la conjoncture et les prix.
Or "si le scénario de base que nous avons développé avant le stress bancaire se maintient, il sera approprié d'avoir une nouvelle augmentation en mai", martèle le chef économiste dont la voix compte au sein de l'instance de décision de la BCE.
Selon ces dernières prévisions, l'inflation globale devrait baisser de manière significative au cours de l'année 2023 - à 5,3% en moyenne contre 8,4% en 2022 - en raison d'effets de base liés à la baisse des prix d'énergie sur un an et de l'atténuation des tensions dans les chaînes d'approvisionnement.
Mais l'inflation dite "sous-jacente", hausse des prix hors énergie et alimentation, sera au contraire plus élevée en moyenne cette année.
La BCE l'explique par les entreprises qui gonflent leurs marges en répercutant avec du retard les prix élevés de l'énergie et par la forte dépréciation passée de l'euro.
L'inflation "demeure forte et l'incertitude quant à son évolution s'est accentuée", nécessitant d'avoir "une stratégie robuste pour la période à venir", a déclaré fin mars la présidente de l'institution Christine Lagarde.
La BCE, qui vise une inflation à terme de 2%, a jusqu'à présent remonté ses taux d'intérêt à une vitesse inédite, les relevant de 350 points de base depuis juillet, pour tenter de contenir la hausse des prix qui a atteint 10% en octobre dans la zone euro, dans le sillage de l'invasion russe en Ukraine.