Les chantiers techniques et réglementaires du paiement mobile sont bouclés. Maintenant, c’est plus un travail de communication et de sensibilisation qui attend les opérateurs. Le but étant d’installer une confiance auprès des futurs usagers. L’enrôlement des commerçants d’une part, et le développement du réseau de l’autre, seront ainsi les deux défis à surmonter par les établissements de paiement.
Les transferts via «m-wallet» sont opérationnels depuis décembre 2018. Il s’agit maintenant de développer les autres types d’opérations que couvre la solution : le cash-on, cash-out et surtout le paiement commerçant.
Car, pour le moment, les petits commerçants - les moins avertis aussi - ne voient dans ce dispositif de paiement qu’un moyen d’être «tracés». De plus, tant que les paiements en cash seront moins chers (ou perçus comme tels par le consommateur ou le commerçant), tant que les retraits au guichet seront gratuits et tant que les commerçants auront la latitude de choisir d’encaisser et de payer en cash leurs achats, ils n’auront aucune raison pour aller à l’acceptation mobile, qui nécessite un coût.
Une série d’incitations
Pour appuyer ce travail d’acceptation, Bank Al-Maghrib ne lésine pas sur les moyens. Elle a préparé une série d’incitations commerciales et fiscales, qui ont d’ores et déjà été présentées aux ministères de tutelle. Ces mesures concernent un abattement de l’IS sur le chiffre d’affaires réalisé par paiement électronique et un plafonnement de la commission d’inter-change à 0,5% du montant de la transaction.
La Banque a aussi présenté au ministère de l'Industrie, de l'investissement, du Commerce et de l'Economie numérique, des mesures pour faciliter l’équipement des commerçants en terminaux de paiements et pour effectuer des formations au réseau de commerçants acceptants. BAM effectue parallèlement des reportings pour vérifier ce que font les établissements de paiement sur le terrain pour recruter les commerçants.
Développer un réseau de commerçants acceptants demande donc endurance et patience. C’est un pari qui peut motiver ou pas les opérateurs.
Au final, comme toute activité nouvelle, le paiement mobile a besoin d’ajustements, et surtout, de patience pour un décollage généralisé. Car, même dans les pays où l’activité s’est avérée être une «succes-story», cela a pris des années pour un bon déploiement, à l’image du Kenya et des autres pays d’Afrique subsaharienne.
Y.S