Mardi 30 Juin 2020

Bourse en ligne : Enquête sur un marché en pleine effervescence

Analyse du Marché Boursier Marocain

   Nouveaux acteurs, plateformes renouvelées, offres gratuites...La sortie du confinement a été accompagnée par une série d'annonces de la part des sociétés de Bourse. Elles veulent toutes capter une demande naissante pour la Bourse en ligne, expliquée d'une part par les niveaux de prix bas atteints par les actions au début de la crise et, d'autre part, par la nécessité d'opérer de plus en plus vite et de manière flexible pour capter les trous d'air sur les actions qui peuvent générer des gains rapides et conséquents.

 

Entre le moment où nous avons commencé à collecter les données pour cet article, le 27 mai 2020, et sa date de publication, le 1er juillet, au moins 3 brokers ont présenté de nouvelles plateformes, offres promotionnelles ou améliorations, rompant un silence ambiant qui dure depuis quelques années sur ce segment de marché.

 

 

Enquête d'(in)satisfaction

Après avoir constaté une série de critiques adressées aux brokers sur les réseaux sociaux, Boursenews a mené une enquête de satisfaction sur la Bourse en ligne auprès de ses lecteurs. Cette enquête a révélé des sentiments mitigés chez les utilisateurs. Certains se disant satisfaits et d'autres beaucoup moins, voire très déçus de leurs prestataires. Notre enquête nous a fait découvrir un monde où il est souvent difficile de mettre le doigt sur la source précise d'une anomalie lorsque l'on a un regard extérieur comme celui d'un journaliste ou d'un utilisateur, qui plus est n'est pas spécialiste IT. Plongée dans un engrenage qu'on appelle Bourse en ligne. 

 

 

Un marché à très fort potentiel
Ils sont 130.000 personnes physiques au Maroc à disposer d'un compte titre auprès d'un teneur de titres, selon des statistiques obtenues à fin mars 2020. Mais quelque 7.000 personnes seulement ont un compte titre ouvert directement auprès d'une société de Bourse. Le reste passe par le réseau bancaire où souvent l'instantanéité fait défaut.

 

Le nombre de comptes ouverts directement auprès des sociétés de Bourse est en hausse de 14% au premier trimestre. Une partie seulement de cette population opère à travers les canaux digitaux et a généré 53.940 ordres via la Bourse en ligne pendant les trois premiers mois de l'année, en hausse de 25,6% par rapport à mars 2019.

 

En moyenne, les ordres de Bourse en ligne représentent 40% des ordres sur le marché boursier marocain. Mais cette effervescence est entravée par des services de Bourse en ligne pas toujours à la hauteur des attentes. 

 


Le paradoxe 
Si l'on regarde le sujet de manière superficielle, on se rend très vite compte du fossé existant entre le discours des opérateurs, qui souhaitent drainer le maximum de traders particuliers vers la Bourse, canaliser l'épargne et apporter de la profondeur... et le service qu'ils offrent.

 

C'est en effet paradoxal de voir que certains acteurs, pourtant suffisamment capitalisés, proposent des plateformes d'un autre âge, qui tombent souvent en panne, ne fonctionnent pas pendant plusieurs jours ou même affichent des données de marché décalées de plusieurs heures.

 

A l'aide de captures d'écrans, certains lecteurs nous ont montré de nombreux exemples. Exit l'instantanéité, le temps réel...Les boursicoteurs sont juste confrontés à des problèmes de base, liés à la disponibilité même du service. Difficile en effet d'encourager la Bourse en ligne avec de telles plateformes.

 

Appel à témoignages 
Pour les besoins de cette enquête, nous avons sollicité les internautes sur nos réseaux sociaux pour nous écrire et nous dire ce qu'ils pensent de leurs fournisseurs de Bourse en ligne au Maroc. Nous avons récolté plus de 220 avis. Ce n'est pas exhaustif et ce travail ne prétend pas l'être. Mais certaines tendances se dégagent sur les problèmes récurrents, les fonctionnalités les plus recherchées ou encore les plateformes les plus appréciées.

 

Sur ce dernier point, deux solutions de Bourse en ligne récoltent le plus d'avis positifs : Wafa Bourse puis CDG Capital Bourse.

 

Les internautes évoquent, pour les deux plateformes, la rareté des bugs et la disponibilité de la plateforme. Les avis sont bien plus mitigés concernant d'autres fournisseurs tous rattachés à des groupes bancaires. Ce qui est reproché, ce sont les pannes fréquentes, le manque de réactivité, l'impossible accès aux transactions ou encore le manque d'ergonomie mobile. Tous nous ont dit que leurs plateformes de Bourse en ligne sont en cours de renouvellement et que des solutions plus fonctionnelles seront mises en place en 2020. On veut bien les croire sur parole.


Une infrastructure complexe
Les acteurs historiques des solutions transactionnelles au Maroc sont Six Telekurs Mena, l'acteur le plus ancien et sans doute l'acteur au plus grand portefeuille au Maroc et Atos Maroc, filiale du groupe international du même nom et qui a travaillé sur des plateformes comme celles de Wafa Bourse et CDG Capital Bourse. DirectFN fait lui figure d'outsider dans le domaine au Maroc, car il vient de faire son entrée sur ce marché cette année, en décrochant sa première référence avec Valoris Securities. DirectFN est en revanche intégrateur historique sur d'autres marchés à l'international.

 

Ces acteurs peuvent être spécialisés dans les solutions transactionnelles où comme c'est le cas pour SIX Telekurs Mena et DirectFN, se positionner également sur l'information financière et la data de marché.

 

A titre d'information, les majors mondiaux de l'information financière (Bloomberg et Refinitiv notamment) ne font pas de solutions transactionnelles et se spécialisent uniquement dans la data et l'information de marché.

Les intégrateurs développent leurs solutions en faisant le lien entre plusieurs environnements de travail. Il faut gérer une chaîne titres, une chaîne espèces (ou cash), le back-office de la société de Bourse (souvent géré chez la banque maison-mère) et la relation avec le système de la Bourse.

 

Dans plusieurs cas, surtout chez les sociétés de Bourse filiales de banques, la chaîne titres peut être logée chez la Société de Bourse alors que la chaîne espèces l'est chez la banque et dépend souvent de systèmes d'information et d'applications différentes avec des technologies très éloignées.

 

Autre cas, rare mais existant au Maroc : la chaîne titre est directement rattachée au compte courant du client à la banque.

 

C'est dans ces architectures complexes et multi-technologies que réside le problème. Car les intégrateurs ont d'abord pour mandat de sécuriser l'environnement de travail. La priorité est que le système transactionnel soit sécurisé. On peut même dire que cela passe avant le confort du client. Ne pas permettre par exemple à un acheteur potentiel d'exécuter un ordre sans solde espèces ou de vendre des titres qu'il ne possède pas est bien plus important que la disponibilité de la plateforme et l'expérience client.

 

Pour les intégrateurs, il faut à la fois assurer la sécurité du côté banque que du côté client. Notre enquête nous a permis de comprendre qu'il arrive souvent que les sociétés de Bourse soient elles-mêmes victimes de décisions informatiques prises chez leurs maisons-mères. Lorsqu'une banque fait par exemple de la maintenance sur son application, le système d'information de la Bourse en ligne peut être interrompu, car dépendant en partie de celui de la banque.

 

Des soucis de back-offices sont aussi observés lors d'opérations sur titres. Un split, de nouvelles actions issues d'une augmentation de capital, etc. Ces opérations peuvent parfois mettre du temps à apparaître sur le compte du client Bourse en ligne quand le back-office est géré au niveau bancaire et que les notions de «rapidité» de traitement ne sont pas inculquées aux équipes bancaires de la même manière que chez les brokers. 

 

En effet, dans ces départements, où la conformité est contrôlée à des intervalles éloignés, la perception de la vitesse d'exécution n'est pas la même que chez les sociétés de Bourse et leurs clients.

Ce sont ces interactions banques - filiales Bourse en ligne au niveau des systèmes d'information qui créent les interruptions. D'ailleurs, et les témoignages le montrent, les sociétés de Bourse qui fonctionnent en circuit fermé enregistrent beaucoup moins de pannes et ont des scores d'opinions positifs.

 




 

Le rôle du régulateur 
Les sociétés de Bourse consultées sont unanimes sur le rôle de l'AMMC, qui contrôle de bout en bout le processus, et ce dès le début du projet pour les nouveaux acteurs que pendant la mise en production et lors de la prise de vitesse de croisière.

 

Architecture SI, ressources humaines, références des prestataires...une panoplie d'éléments sont à respecter par les plateformes de Bourse en ligne.

 

L'AMMC a d'ailleurs déjà sanctionné financièrement des opérateurs pour «défaillances au niveau de leurs solutions de Bourse en ligne» ou même pour «absence de profils SI qualifiés».

 

 L'AMMC mène des missions de contrôle auprès des opérateurs à réception de plaintes de la part des investisseurs. Parallèlement, les SDB doivent déclarer elles-mêmes, de manière discrétionnaire leurs incidents à l'AMMC. 

Le saut en avant 
Dans cet environnement tumultueux, certains intermédiaires ont décidé de placer la Bourse en ligne au coeur de leur stratégie et investir pleinement dans ce modèle. Wafa Bourse, du haut de ses 4.000 usagers, compte sur l'implication du groupe Attijariwafa bank, et arrive à placer plusieurs produits du groupe à travers ce canal digital :  achats et ventes d'actions en temps réel, introductions en Bourse, transactions sur OPCVM....

 

 

 

Extrait plateforme Wafabourse.com

 

BMCE Capital Bourse (BK Bourse), qui vient d'achever complètement la modernisation de sa plateforme de Bourse en ligne, compte aussi sur ce canal. Bank of Africa a d'ailleurs doté, il y a des années, son réseau bancaire d'agences de plateformes dédiées à la Bourse en ligne, ce qui en fait techniquement des relais de BK Bourse et permettent aux ordres du réseau bancaire d'atterrir immédiatement sur la feuille du marché et aux chargés de clientèle de donner le cours du moment et le carnet d'ordres actuel aux clients. Chez d'autres banques, les cours et les données de marché dans le réseau bancaire sont actualisées en fin de journée.

 

La nouvelle plateforme de BK Bourse offre la possibilité de passer tous les types d'ordres, offre un accès gratuit à l'information financière, un accès aux cotations d'options sur actions que le broker est le seul à offrir ainsi qu'aux marchés internationaux. Ceci en plus à la Recherche étoffée réalisée par BMCE Capital Research.

 

 

CDG Capital Bourse, dont la plateforme est qualifiée de stable et robuste, diffuse des données de marché enrichies. Le broker vient d'ailleurs de lancer une offre gratuite d'abonnement pour remettre un coup de booste à sa base clientèle.

 

Dernier entrant dans ce marché, Valoris Securities mise, lui, totalement sur l'expérience utilisateur. Streaming (qui dispense d'actualiser la page pour voir les dernières transactions ou cours), interface graphique agréable et expérience identique quel que soit le canal (mobile, ordinateur, tablette...) sont les points forts de cette solution.
 


 Valoris Securities : Brahim Erradi : «Nous nous attendons à ce que Valoris Bourse Direct connaisse un grand succès auprès des investisseurs particuliers» (cliquez ici pour lire)



Une autre vague de sociétés de Bourse est en train de moderniser son offre de Bourse en ligne et plusieurs annonces sont attendues les mois à venir alors que l'intérêt pour la Bourse en ligne a augmenté pendant les premiers mois de l'année.



Tarifs 
Les tarifs sur le marché sont assez homogènes. Il existe des charges fixes communes à tous les comptes titres (autour de 0,6% du montant d'une transaction) en plus d'une tarification, généralement mensuelle, d'accès à la plateforme et un coût de passage d'ordre qui varie entre 0,5% et 1%. Il est négociable selon la taille du portefeuille et l'activité du compte.

 

Certaines SDB offrent même la gratuité des passages d'ordres et il arrive, comme c'est le cas actuellement, que des brokers offrent des prix promotionnels sur certaines périodes. 

 




 

 

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