On s’arrête souvent sur la variation d’un titre, parfois sur son volume. Mais plus rarement sur une donnée pourtant très révélatrice : la vitesse à laquelle son flottant change de mains.
Ce ratio donne une lecture très concrète de la pression réelle exercée sur une action, indépendamment de son évolution de cours.
Dans son dernier rapport “Snapshot des valeurs boursières”, BMCE Capital Global Research a calculé cet indicateur sur une sélection de valeurs cotées. L’occasion de revenir sur ce que révèle et ce que cache la vitesse de circulation.
À première vue, elle peut sembler n’être qu’un simple ratio technique. Pourtant, la vitesse de circulation (ou taux de rotation du flottant) est l’un des indicateurs les plus révélateurs du comportement de marché.
Contrairement à la variation de cours ou au volume brut, cet indicateur ne mesure ni la performance, ni l’intérêt fondamental pour un titre. Il renseigne sur la manière dont le marché “utilise” un actif, sur le degré de pression exercée sur son flottant, le niveau d'excitation autour du titre. Et, bien souvent, sur ce que les mouvements de prix ne disent pas encore.
Cette notion a été mise en avant dans le dernier rapport de BMCE Capital Global Research (juin 2025), qui en propose un calcul systématique :
Vitesse de circulation = Capitaux échangés sur le marché central/ Capitalisation flottante
Le ratio donne une mesure directe de la pression exercée sur le flottant d’un titre, en tenant compte de sa taille réelle disponible à la négociation. Cette approche permet une lecture standardisée et pertinente, mois après mois.
Un titre dont la capitalisation flottante est de 200 MDH, et sur lequel 100 MDH ont été échangés en mai, affiche une vitesse de circulation de 50 %.
Contrairement à un indicateur de performance ou de valorisation (variation du cours, PER, rendement), la vitesse de circulation ne dit rien sur la valorisation ou la rentabilité d’un actif. Mais elle dit beaucoup sur la façon dont il est utilisé en bourse :
- Forte rotation = présence active des opérateurs
- Rotation faible = flottant gelé, désintérêt, ou détention stable
Cela en fait un indicateur comportemental puisqu’il reflète l’intensité des échanges relatifs, alerte sur la pression sur les carnets, et il peut précéder (ou confirmer) un changement de régime sur une valeur.
Le volume brut seul peut induire en erreur. Prenons deux titres ayant échangé 50 MDH sur un mois : Si l’un a un flottant de 500 MDH, la vitesse est de 10 % → activité modeste.
Si l’autre n’a qu’un flottant de 50 MDH, la vitesse est de 100 % → son flottant a été retourné intégralement.
C’est cette mise en perspective qui donne tout son sens à l’indicateur.
La vitesse de circulation est utile, mais pas absolue. Son interprétation doit être nuancée. Un titre avec un flottant très réduit peut afficher une rotation de 200 %... avec des volumes très faibles. Ce n’est pas forcément un signal de tension, mais un effet mécanique. Aussi, une rotation élevée peut être le fait d’ordres croisés réguliers, d'allers/retours etc... Ce n’est pas toujours un signe de frénésie ou d’instabilité. Il faut bien étudier le contexte de chaque titre. C'est pour ça que la vitesse de rotation gagne en pertinence lorsqu’elle est comparée à la volatilité, aux variations de cours, ou à l’historique du titre.
- Pour un trader court terme : identifier les valeurs où l’exécution est fluide, ou les seuils techniques actifs.
- Pour un investisseur institutionnel : détecter une valeur en phase de rotation, donc prête à changer de main.
- Pour un observateur du marché : anticiper une tension structurelle ou spéculative, avant qu’elle n’apparaisse dans les performances.
Vitesse de circulation à fin mai et volatilité 3 mois (données BKGR)
Lecture relative à l’échantillon
Y.S