Samedi 03 Mars 2018

Trump vante les guerres commerciales, ses partenaires prêts à en découdre

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Donald Trump est monté encore d'un cran dans ses velléités de guerre commerciale vendredi en menaçant les partenaires commerciaux des Etats-Unis de "taxes réciproques" sur leurs importations après avoir visé la veille celles d'acier et d'aluminium, s'attirant le courroux international.

"Quand un pays taxe nos produits disons à 50% et que nous taxons à ZERO le même produit qui entre dans notre pays, ce n'est ni équitable, ni intelligent", a affirmé le président américain dans un tweet.

"Nous allons bientôt imposer des TAXES RECIPROQUES pour que nous puissions imposer la même chose qu'ils nous imposent. Avec un déficit commercial de 800 milliards de dollars, nous n'avons pas le choix", a-t-il affirmé.

Il avait déjà affirmé dans un tweet précédent que les guerres commerciales étaient "bonnes et faciles à gagner".

Cette rhétorique protectionniste vient s'ajouter à son annonce la veille qu'il promulguerait dès "la semaine prochaine" des tarifs douaniers de 25% pour les importations d'acier et de 10% pour celles d'aluminium.

Vendredi, un haut responsable de l'administration américaine a précisé qu'aucun pays ne serait exempté par ces droits de douane. Il y aura toutefois "un processus d'exemption" pour les cas particuliers qui pourraient se présenter, a-t-il expliqué.

La décision américaine pourrait ainsi affecter principalement des pays considérés comme des alliés traditionnels, comme le Canada, l'Union européenne, le Brésil ou la Corée du Sud.

L'imminence de ces mesures a suscité l'irritation de la plupart des partenaires commerciaux des Etats-Unis à commencer par l'Union européenne (UE) qui entend réagir "fermement et proportionnellement" pour défendre ses intérêts.

L'UE prépare des contre-mesures visant des produits américains: Harley-Davidson, le bourbon (whisky américain) et les jeans Levi's. "Nous ne resterons pas les bras croisés lorsque l'industrie et les emplois européens seront menacés", a averti Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne.

- 'Que des perdants' -

Le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire a, lui, prévenu qu'une guerre commerciale "ne fera que des perdants" tandis que l'Organisation mondiale du commerce (OMC) chargée d'arbitrer les conflits commerciaux, est "clairement préoccupée" estimant également qu'"une guerre commerciale ne serait dans l'intérêt de personne".

Du côté du Canada, premier partenaire commercial de Washington, le ministre du Commerce international, François-Philippe Champagne a prévenu que toute éventuelle taxe douanière imposée par les Etats-Unis serait "inacceptable".

Premier producteur mondial d'acier, même si elle en vend très peu aux Etats-Unis, son deuxième partenaire commercial, la Chine s'est en revanche abstenue d'évoquer cette fois d'éventuelles mesures de rétorsion, se contentant d'appeler les Etats-Unis à "réfréner leur recours à des mesures protectionnistes".

Toyota n'exclut pas, quant à lui, une augmentation considérable "des prix des voitures et camions vendus en Amérique", si le constructeur japonais n'est plus en mesure d'y importer de l'acier bon marché.

Jeudi, Donald Trump, en rencontrant les industriels américains du secteur de l'acier et de l'aluminium, les avaient exhortés à reconstruire leurs industries en profitant de la protection offertes par ces taxes.

- Le FMI craint des 'dégâts' -

"Les restrictions à l'importation annoncées par le président américain sont de nature à causer des dégâts non seulement hors des Etats-Unis mais encore à l'économie américaine elle-même, y compris à ses secteurs manufacturier et de la construction qui sont de gros utilisateurs d'aluminium et d'acier", a réagi le Fonds monétaire international.

Le FMI a invité les Etats-Unis et ses partenaires commerciaux à résoudre leurs différends commerciaux de manière pacifique.

Plus tôt, le vice-président de la Commission européenne, Jyrki Katainen, avait joué la carte d'apaisement en évoquant une "petite fenêtre d'opportunité ouverte" tant que M. Trump ne met pas ses menaces à exécution.

Le fabricant d'électroménagers suédois Electrolux a pour sa part annoncé vendredi la suspension de ses investissements aux Etats-Unis.

L'annonce surprise du président américain, qui avait jusqu'au mois d'avril pour se prononcer, a jeté un coup de froid sur certaines places boursières de la planète.

Wall Street s'affichait en légère baisse de 0,14% peu avant 21H00 GMT après avoir déjà abandonné 1,72% la veille. Mais Tokyo a lourdement chuté de 2,50% en clôture vendredi, Hong Kong et les Bourses de Chine continentale accusant également le coup tandis que toutes les places européennes ont terminé en forte baisse.

Les Etats-Unis sont les plus gros importateurs d'acier au monde. Leurs principaux fournisseurs sont le Canada (16%), le Brésil (13%) et la Corée du Sud (10%), loin devant la Chine qui compte pour moins de 2% des importations totales.

Avec AFP.

 

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