Le géant pétrolier saoudien Aramco a annoncé mardi un bénéfice en baisse de 23% au troisième trimestre, sous l'effet du repli des cours du brut et des coupes de production.
La compagnie a enregistré des profits de 32,58 milliards de dollars, contre 42,43 milliards de dollars à la même période de l'année dernière, selon un communiqué.
Ces résultats reflètent "l'impact du recul des prix du brut et des volumes vendus", a-t-elle indiqué.
Aramco avait vu son bénéfice baisser de 19,25% au premier trimestre et de 38% au deuxième trimestre par rapport aux mêmes périodes de 2022.
L'année dernière, la reprise économique post-pandémie et l'invasion russe de l'Ukraine avaient propulsé les cours du brut jusqu'à 130 dollars le baril.
Aramco avait alors enregistré un bénéfice "record" de 161,1 milliards de dollars, permettant au royaume de dégager son premier excédent budgétaire annuel en près d'une décennie.
En 2023, la moyenne des prix devrait s'établir autour de 85 dollars le baril, selon Jadwa Investment, une société basée à Ryad.
Des analystes estiment à 80 dollars le niveau de prix nécessaire pour maintenir le budget de l'Arabie saoudite à l'équilibre, mais cet objectif pourrait être compromis par la hausse de ses dépenses publiques et la baisse de sa production de brut.
Le premier exportateur mondial de brut a annoncé en avril une coupe de production de 500.000 barils par jour (b/j), dans le cadre d'une action coordonnée avec d'autres pays pétroliers visant à soutenir les prix.
En juin, le ministère saoudien de l'Energie a annoncé une coupe supplémentaire d'un million de barils par jour, qui a pris effet en juillet. Cette réduction durera jusqu'en décembre, a confirmé le ministère dimanche.
La production du royaume est désormais d'environ neuf millions de b/j, bien en deçà de sa capacité journalière déclarée de 12 millions de b/j.
Depuis un mois, les marchés s'inquiètent surtout des conséquences de la guerre entre Israël et le Hamas, déclenchée par une attaque sanglante sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien le 7 octobre. Plus de 1.400 personnes ont été tuées en Israël et plus de 240 autres prises en otage, selon des responsables israéliens.
En représailles, Israël, qui veut "anéantir" le Hamas, pilonne sans relâche la bande de Gaza. Ces bombardements incessants ont fait plus de 10.000 morts dans le territoire palestinien depuis le 7 octobre, selon le ministère de la Santé dirigé par le Hamas.
"Les négociants (en pétrole) craignent que la violence ne s'intensifie et ne s'étende, entraînant éventuellement des acteurs étatiques et menaçant l'approvisionnement en pétrole", a souligné Jadwa Investment dans un rapport publié fin octobre.
"Nous pensons que ces craintes sont exagérées, mais nous sommes conscients" du risque d'embrasement régional, a ajouté la firme.
La manière dont la guerre entre Israël et le Hamas pourrait affecter la production saoudienne reste une "grande question", a pour sa part déclaré Herman Wang, directeur associé pour l'information sur le pétrole chez S&P Global Commodity Insights.
Avant la guerre, tout laissait penser que le royaume resterait "prudent et discipliné en matière de réduction de la production afin de maintenir les prix à un niveau plancher, compte tenu des perspectives de la demande au premier trimestre", a-t-il expliqué.
Cette politique "continuerait évidemment à restreindre la production d'Aramco et à limiter ses exportations -et nous avons vu l'impact que cela a eu sur les chiffres les plus récents du PIB", a-t-il ajouté.
L'autorité saoudienne des statistiques a annoncé la semaine dernière que le PIB de l'Arabie saoudite avait baissé de 4,5% au troisième trimestre par rapport à l'année dernière, plombé par un recul des activités pétrolières de 17,3%.