LONDRES (Reuters) - Le gouvernement britannique a revu en baisse ses prévisions de croissance d‘une économie plombée par le Brexit et prévu d‘augmenter fortement son recours à l‘emprunt sur les dix prochaines années dans le projet de budget que le ministre des Finances Philip Hammond a présenté mercredi devant le Parlement.
De nombreux députés conservateurs espéraient qu‘un budget audacieux permettrait de redorer le blason de la Première ministre Theresa May qui a perdu en juin sa majorité absolue lors d’élections anticipées qu‘elle avait convoquées pour assoir son autorité en vue des négociations du divorce avec l‘Union européenne.
L‘Office for Budget Responsibility (OBR), l‘organisme public qui établit les prévisions économiques servant de référence au budget, table désormais sur une croissance de 1,5% en 2017 et non plus de 2,0% comme en mars.
Pour 2018, sa prévision passe de 1,6% à 1,4% désormais. L‘OBR anticipe une croissance de 1,3% en 2019 comme en 2020 au lieu de prévisions précédentes de 1,7% et 1,9% respectivement.
La croissance serait ensuite de 1,5% en 2021, au lieu de 2,0% prévu en mars, puis de 1,6% en 2022, année pour laquelle l‘OBR n‘avait pas encore communiqué de prévision.
“L‘OBR reconnaît que les perspectives de croissance sont lamentables à un moment où l’économie mondiale profite d‘une reprise synchronisée. L‘Allemagne est en plein boom et même l‘Italie a une croissance supérieure à la Grande-Bretagne”, a commenté Chris Scicluna, de Daiwa Capital Markets Europe.
La croissance moins forte signifie moins de recettes fiscales pour le gouvernement, qui aura d‘autant plus de difficulté à dégager un excédent des finances publiques avant le milieu de la prochaine décennie.
L‘OBR s‘attend certes des besoins d‘emprunt en baisse sur l‘exercice fiscal 2017/2018 et sur le suivant mais ils remonteront par le suite avec le ralentissement de la croissance.
Le déficit public devrait encore atteindre 1,3% du Produit intérieur brut sur l‘exercice fiscal 2020/2021, soit près du double de l‘estimation précédente qui était de 0,7%.
Avant le vote en faveur du Brexit du 23 juin 2016, Londres pensait pouvoir afficher des finances publiques excédentaires avant la fin de la décennie, un horizon qui avait déjà été reporté par rapport à un objectif précédent d‘un retour à l’équilibre en 2015.
L‘endettement public devrait culminer à 86,4% du PIB cette année, près du double du niveau qui prévalait avant la crise financière de 2008, avant de reculer ensuite.
Les équipes de l‘OBR soulignent toutefois que la baisse de l‘endettement net sera obtenu grâce aux cessions d‘actions de la banque nationalisée Royal Bank of Scotland. Londres cèdera pour trois milliards de livres (3,4 milliards d‘euros) d‘actions de la banque avant la fin de l‘exercice fiscal 2018/2019.
Au total, les cessions porteront sur 15 milliards de livres, réparties équitablement sur une période de cinq ans, a précisé l‘OBR.
PLAN de $44 MDS POUR LE LOGEMENT
Philip Hamond a utilisé ses faibles marges de maneouvre en reconduisant le gel de la taxe sur les carburants, en augmentant les dépenses de santé mais surtout en annonçant un effort de 44 milliards de livres (50 milliards d‘euros) pour le logement, avec pour objectif la construction de 300.000 logements neufs par an d‘ici le milieu des années 2020.
Des financements, prêts et garanties seront accordés sur les cinq prochaines années pour libérer des terrains et aider au financement de projets, a déclaré le ministre des Finances.
Les mises en chantiers sont actuellement au nombre de 217.000 par an.
“Résoudre ce problème suppose de l‘argent, une réforme et une intervention. Nous annonçons aujourd‘hui un plan ambitieux pour régler le problème du logement”, a-t-il dit dans son discours devant le Parlement.
Le projet de budget prévoit aussi de supprimer ou de réduire une taxe dite droit de timbre pour les primo-accédants qui font l‘acquisition de logements d‘une valeur allant jusqu’à 300.000 livres et jusqu’à 500.000 livres dans des zones tendues comme à Londres.
Les réductions de dépenses publiques dans de nombreux domaines aux cours des dernières années ont alimenté le mécontentement des électeurs, encore accentué par la hausse de l‘inflation liée à la chute de la livre provoquée par le Brexit et la faible progression des salaires, ce que Philip Hammond a reconnu.
“Nous comprenons la frustration des familles dont les revenus réels sont sous pression”, a-t-il dit.
L‘OBR a dit que les dépenses projetées pour les deux prochaines années représentaient une “largesse notable”.