La huitième édition du Morocco Capital Market Days se tient du 7 au 9 mai à Londres, où la Bourse de Casablanca organise plus de 160 rencontres entre des investisseurs étrangers et des sociétés cotées marocaines.
C’est une offensive bien rodée que la Bourse de Casablanca mène cette semaine dans la capitale financière du monde. Le patron de la Bourse, Tarik Senhaji, et ses équipes veillent au grain pour mettre les 40 gérants de fonds étrangers et les 36 sociétés cotées marocaines présentes dans les meilleures dispositions. En 48h, ce sont plus de 160 réunions One to One qui sont programmées.
Mais le Morocco Capital Markets Days, c'est aussi un ensemble de rencontres institutionnelles de haut niveau entre les officiels britanniques et leurs homologues marocains. De nombreux évènements sont ainsi organisés en parallèle pour présenter les atouts du Maroc, l'incroyable momentum que connait notre économie, la régulation du marché des capitaux et les nouveaux instruments qui se mettent en place.
Lors de l'événement inaugural, et devant un parterre d’investisseurs internationaux réunis à l'occasion avec le soutien de l'ambassadeur du Maroc au Royaume-Uni, Hakim Hajoui, la présidente de l'Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC), Nezha Hayat, a présenté la taille du marché marocain et sa stabilité, résultat de «trois décennies de réformes ambitieuses».
Une dynamique qui s'est accélérée avec la transformation du régulateur en autorité indépendante. «Notre mission est double : protéger l’épargne investie dans les instruments financiers, tout en développant un marché public profond et diversifié au service de l’économie réelle», a ajouté Nezha Hayat.
Parmi les leviers activés ces dernières années : la diversification des instruments financiers. «Nous avons lancé des obligations durables, sociales, régionales, des fonds en devises, des produits caritatifs et des véhicules dédiés aux investisseurs professionnels», a-t-elle détaillé.
Côté transparence, le Maroc se positionne sur les standards internationaux. Depuis 2019, le reporting ESG est obligatoire pour les émetteurs, et la gouvernance d’entreprise a été renforcée. «Nous avons aussi mis à niveau les exigences de conformité et de formation des professionnels du marché, comme les analystes ou les gérants», a-t-elle ajouté.
L’une des priorités affichées reste l’accès au financement pour les PME. À cet effet, un marché alternatif a vu le jour, avec des règles simplifiées adaptées à leur profil. «Nous avons mis en place un guichet unique pour réduire les coûts et proposer un accompagnement sur mesure », ont précisé les représentants marocains.
L’émergence d’un marché des dérivés, symbole de maturité
Mais la grande annonce de la journée du 7 mai est sans conteste la mise en place d’un marché des dérivés. «Nous avons officiellement validé le premier contrat à terme sur l’indice MASI 20», a révélé Nezha Hayat, quelques heures seulement après le visa de l'AMMC au premier produit dérivé sur actions. D’autres instruments suivront, notamment des contrats à terme sur taux d’intérêt. Des licences sont actuellement en cours de traitement pour les futurs opérateurs de ce marché. Objectif : fournir aux investisseurs des outils de couverture, améliorer la liquidité et attirer de nouveaux acteurs, régionaux comme globaux. Cette étape marque un tournant majeur dans la modernisation de l’infrastructure de marché.
Une stratégie alignée avec le nouveau modèle de développement
La stratégie marocaine s’inscrit dans le cadre du Nouveau modèle de développement (NMD), insiste Tarik Senhaji. Ce modèle consacre les marchés de capitaux comme moteur de transformation économique.
Le Maroc mise également sur la finance verte. «Le pays a adopté une stratégie nationale de finance climat à horizon 2030, qui vise à mobiliser l’investissement privé et à intégrer le risque climatique dans le système financier», ont souligné les différents intervenants.
En conclusion, la Bourse de Casablanca et l’AMMC ont lancé un appel sans détour aux investisseurs présents à Londres : «Ce que nous construisons est une opportunité réelle pour vous. Le Maroc est prêt, structuré et résolument tourné vers l’avenir».
Un signal fort qui, au-delà des mots, traduit une volonté ferme : celle d’ancrer le Maroc comme un acteur incontournable de la finance en Afrique et dans le bassin euro-méditerranéen.