Le Maroc vient de réactiver l’un de ses projets hydrauliques les plus stratégiques : l’aménagement et la modernisation d’un réseau d’irrigation couvrant 30 000 hectares dans la plaine du Gharb. Cette première phase (sur un total de 72 000 hectares prévus) mobilisera un partenariat public-privé sous la houlette de l’Office régional de mise en valeur agricole du Gharb (ORMVAG). Objectif : améliorer la résilience agricole face au changement climatique, en mobilisant les eaux du bassin du Sebou.
Au-delà des implications agricoles, ce chantier de plusieurs milliards de dirhams pourrait avoir un impact direct sur certaines valeurs de la Bourse de Casablanca.
En pôle position des bénéficiaires potentiels, l'on retrouve naturellement la dernière recrue, CMGP. Introduit en décembre 2024, le groupe s’impose comme le leader marocain de l’irrigation moderne, des infrastructures hydrauliques et des solutions solaires dédiées à l’agriculture. Son portefeuille couvre l’ensemble de la chaîne de valeur : conception, fourniture et installation de réseaux d’irrigation, stations de pompage, filtration et fertigation.
Dans le cadre du projet du Gharb, CMGP est en position de force : ses références techniques, sa présence nationale et son expérience dans les grands chantiers d’irrigation font d’elle une candidate naturelle pour fournir les équipements et assurer l’intégration du réseau. Les investisseurs surveilleront de près l’attribution des marchés : une annonce positive pourrait constituer un catalyseur haussier à court terme.
Moins directement exposée, Stokvis Nord Afrique – distributeur de matériel agricole et industriel – pourrait tirer profit des besoins en engins pour le terrassement, le transport et l’entretien des infrastructures. Le potentiel est certes moindre que pour CMGP, mais le projet pourrait générer des commandes additionnelles sur plusieurs exercices, venant renforcer un carnet d’ordres déjà diversifié.
Le BTP en embuscade
Les volets civils du projet, à savoir l' adduction d’eau, stations de pompage, les ouvrages bétonnés, les canaux, ouvrent la porte aux majors du BTP cotés. TGCC, spécialisée dans les infrastructures et grands travaux, pourrait se positionner sur la construction lourde et les ouvrages hydrauliques.
Delta Holding, dont la filiale Delta Irrigation opère déjà dans le domaine, dispose d’une expertise sur les réseaux d’eau potable et d’assainissement ; elle pourrait intervenir en co-traitance ou en sous-traitance, notamment sur la partie environnementale et les réseaux enterrés.
À court terme, l’impact sur les cours dépendra de la visibilité contractuelle : les annonces d’attribution et les montants engagés seront déterminants.
CMGP apparaît comme la valeur la plus directement corrélée à l’avancement du projet, tandis que TGCC et Delta Holding bénéficieraient d’un impact indirect mais substantiel. Stokvis, enfin, pourrait capitaliser sur un effet de levier tangible.
En définitive, ce projet illustre la montée en puissance des partenariats public-privé dans les infrastructures agricoles marocaines, un segment qui pourrait s’imposer comme relais de croissance pour plusieurs valeurs du marché.