LONDRES (Reuters) - La perspective du Brexit a entraîné un quasi doublement des activités de fusion-acquisition au Royaume-Uni cette année, les entreprises britanniques cherchant à consolider leur position sur leur marché domestique, montrent des données de Thomson Reuters.
Le volume des opérations entre entreprises britanniques est passé de 34,3 milliards de dollars (28,6 milliards d‘euros) en 2016 à 68 milliards de dollars cette année et le nombre de transactions entre groupes britanniques est passé de 1.480 à 1.681, le plus haut niveau depuis 2008, selon ces données.
Ces opérations comprennent le rachat du bookmaker Ladbrokes Coral par le spécialiste des paris en ligne GVC pour un montant de 3,9 milliards de livres (4,4 milliards d‘euros) et l‘acquisition du groupe d‘immobilier commercial Intu Properties par son concurrent Hammerson pour un montant de 3,4 milliards de livres (3,8 milliards d‘euros).
Cela s‘est fait dans un contexte de négociations tendues entre Londres et Bruxelles sur le Brexit.
Les dirigeants de sociétés britanniques ont aussi été attentifs aux agissements du nouveau président américain Donald Trump, dont les décisions ont des répercussions sur les entreprises du monde entier.
“Au début de l‘année 2017, beaucoup d‘interrogations subsistaient sur les perspectives du marché des fusions-acquisitions, en raison des incertitudes causées par le Brexit et le nouveau président américain”, a observé Nick Cline, un associé en M&A au cabinet d‘avocats Latham & Watkins.
L‘environnement incertain a, selon lui, favorisé certaines transactions plutôt qu‘il ne les a freinées.
“De nombreuses entreprises au Royaume-Uni et en Europe sont conscientes de ce paysage changeant et sont donc encore plus concentrées sur ce qu‘elles vont faire pour être les leaders de demain.”
La hausse des transactions domestiques contraste avec la chute du volume de transactions de fusion-acquisition entrantes et sortantes, les premières diminuant de 12,9% à 115,1 milliards de dollars et les secondes de 9,4% à 112,5 milliards de dollars.
PAS DE “MEGA DEAL”
“De nombreuses transactions de consolidation logiques et attendues dans certains secteurs” ont été conclues cette année et ont été “favorisées par le climat du Brexit qui incite les entreprises à se renforcer”, a souligné Philip Noblet, co-directeur des activités bancaires de HSBC au Royaume-Uni.
Mais l‘absence d‘opération majeure fait que le volume total de fusions-acquisitions impliquant au moins une entreprise britannique n‘a été que de 375 milliards de dollars, bien en-dessous des 605,5 milliards de dollars de 2015, année marquée par l‘acquisition de SABMiller par Anheuser-Busch Inbev pour 110 milliards de dollars et celle de BG Group par Royal Dutch Shell pour 53 milliards de dollars.
“Il est difficile de voir comment de nouvelles grosses transactions vont avoir lieu sans de véritables enjeux de concurrence”, a ajouté Philip Noblet.
Depuis que Theresa May est devenue Première ministre en juillet 2016, le Royaume-Uni a aussi adopté une approche plus prudente en ce qui concerne les acquisitions d‘actifs britanniques par des entreprises étrangères.
En octobre, le gouvernement a proposé de nouvelles règles qui lui donnent plus de poids pour interférer dans les transactions concernant les secteurs de la défense et des technologies.
“La croissance organique est très difficile dans cet environnement et rester à l‘arrêt n‘est pas une option pour beaucoup d‘entreprises”, a toutefois estimé Nick Cline en référence au Brexit. “Je pense donc qu‘il y aura plus de transactions l‘année prochaine, malgré l‘incertitude géopolitique.”