(Reuters) - L‘inflation aux Etats-Unis est “bien éloignée” de l‘objectif de 2% de la Réserve fédérale et cette dernière doit donc faire preuve de prudence en matière de relèvement des taux d‘intérêt, a déclaré mardi la gouverneure Lael Brainard.
Un deuxième responsable de la Fed, le président de la Fed de Minneapolis Neel Kashkari, est allé plus loin mardi, en reprochant aux récents rélèvements de taux d’être non seulement responsables de la faiblesse de l‘inflation, mais aussi de miner le rebond du marché de l‘emploi, souvent évoqué pour justifier le durcissement de la politique monétaire.
A eux deux, ces commentaires laissent entendre qu‘une inflation stagnante ou en baisse depuis des mois pourrait bien saborder le projet de la Fed de procéder à un nouveau relèvement de taux cette année et à trois nouvelles hausses l‘an prochain. Il pourrait s‘agir des signes de prudence les plus clairs à ce jour avant la réunion des 19-20 septembre de la banque centrale.
“Nous devrions être prudents au sujet de la poursuite du resserrement monétaire jusqu’à ce que nous soyons certains que l‘inflation est en passe d‘atteindre notre objectif”, a dit Lael Brainard, qui dispose d‘un droit de vote permanent au sein du comité de politique monétaire de la Fed (Fomc), dans un discours prononcé à New York.
“Je crois qu‘il est important de dire clairement que cela nous conviendrait si l‘inflation évoluait modestement au-dessus de notre objectif pendant une certaine période.”
La Fed a relevé ses taux directeurs par deux fois cette année et une troisième hausse était en attente d‘ici la fin de l‘année. Mais le marché se montre désormais sceptique et estime à 30% seulement la probabilité d‘un nouveau resserrement monétaire en décembre.
Lael Brainard a cependant laissé entendre qu‘elle était prête à appuyer une réduction du bilan de 4.500 milliards de dollars de la Fed, lors de la réunion qui se tiendra à la mi-septembre, une annonce largement anticipée par les marchés.
Mais elle a prôné la prudence au vu d‘une inflation “sous-jacente” discrète et de l‘absence de tout danger de bulle spéculative qui obligerait la banque centrale à accélérer la cadence de la hausse des taux.
Il y des raisons de douter que la hausse de l‘emploi se traduira de manière aussi fiable que lors des cycles précédents par une hausse de l‘inflation. Il se pourrait qu‘il faille que le chômage descende bien en deçà de son niveau considéré comme neutre pour que la vigueur du marché de l‘emploi se traduise par une réelle remontée de l‘inflation, a-t-elle expliqué.
Dans un discours prononcé ultérieurement mardi, le président de la Fed de Minneapolis a renchéri.
“Peut-être les relèvements de taux font en réalité un véritable tort à l’économie”, a dit Neel Kashkari lors d‘une conférence à l’école de commerce de l‘Université du Minnesota.
“Il est fort possible que nos relèvements de taux des 18 derniers mois débouchent sur une croissance de l‘emploi plus lente, laissant davantage de personnes sur le bord de la route, ce qui donne une croissance plus limitée des salaires, ainsi qu‘une inflation et des anticipations d‘inflation plus faibles.”
Neel Kashkari était le seul membre votant de la Fed opposé aux hausses de taux l‘an dernier, bien que certains responsables de la Fed qui ne disposent pas de droit de vote cette année, ont également manifesté leur vif désaccord vis-à-vis du mouvement actuel de relèvement des taux d‘intérêt de la banque centrale.
Par ailleurs, concernant l‘ouragan Harvey qui a ravagé le Texas la semaine dernière, Lael Brainard a jugé qu‘il faisait peser des incertitudes sur l’économie cette année et aurait probablement un effet “notable” sur la croissance au troisième trimestre, encore qu‘un rebond devrait suivre en fin d‘année.