(Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé jeudi la création d‘ici 2020 d‘un nouveau taux de référence au jour le jour, prenant actes ainsi de l’échec de la tentative de réforme du taux des opérations interbancaires en euro Euribor cette année.
L‘European Money Markets Institute (EMMI), qui fixe le taux de l‘Euribor chaque jour, a renoncé en mai à un projet de réforme destiné à limiter les risques de manipulation, estimant que les conditions de marché ne permettaient pas de modifier la méthodologie employée actuellement.
Des étalons tels que l‘Euro Interbank Offered Rate (Euribor) et l‘Euro Overnight Index Average (Eonia) servent de référence à la politique monétaire, à la valorisation d‘instruments financiers dérivés et, dans certains pays, à la fixation des taux des crédits immobiliers.
Ces derniers ont perdu la confiance des marchés, en raison d‘accusations de manipulation et d‘une forte baisse des volumes, susceptibles, aux yeux des professionnels, d‘aboutir à une fausse valorisation des actifs et d‘entraver la diffusion des effets de la politique monétaire dans l’économie.
“Ces deux étalons reposent sur les contributions volontaires de deux groupes de banques distincts et le nombre de celles-ci a nettement diminué ces dernières années”, explique la BCE.
“Le (nouveau) taux d‘intérêt, qui serait établi avant 2020, viendrait en complément des taux de référence existants produits par le secteur privé et jouerait le rôle d‘un taux de référence de soutien”, ajoute la BCE.
La BCE ne peut toutefois guère agir que sur le loyer de l‘argent et peu sur des taux plus longs car cela pourrait être interprété comme une prise de position ressortant de sa politique monétaire.
Pour trouver une solution de rechange aux taux Euribor les plus longs, la BCE entend solliciter la collaboration d‘autres organismes européens, y compris la Commission européenne, qui juge l‘Euribor vital, afin d’élaborer un nouveau taux qui pourrait servir de référence.
Le groupe de travail ad hoc pourrait ainsi choisir le nouveau taux de la BCE comme sa référence pour les opérations au jour le jour ou bien privilégier une autre solution en choisissant un ou plusieurs autres étalons.
La réforme des taux de référence a échoué parce que les banques affirmaient que tout nouveau système reposant sur les transactions réellement effectuées aurait un impact exagéré sur les taux, la volatilité et les volumes.
“Il semble que pour le moment, il n‘y a pas assez de transactions pour bâtir un système de taux de référence à plus longue échéance reposant uniquement sur les transactions”, observe la BCE.
“Cela veut dire qu‘il faudra peut-être s‘en remettre au jugement des experts pour pouvoir assurer des publications quotidiennes sur de telles échéances”, ajoute-t-elle. “Un tel jugement ne peut provenir d‘une banque centrale”.
Balazs Koranyi, Catherine Mallebay-Vacqueur et