La Banque d'Angleterre (BoE) a maintenu sans surprise son taux directeur à 5,25% jeudi mais s'est dite "optimiste" sur un reflux de l'inflation qui devrait lui permettre de baisser les taux dans les prochains mois.
"Avec les progrès réalisés pour s'assurer que l'inflation reste autour de 2% (...) il est probable que nous aurons besoin de baisser les taux lors des prochains trimestres et de rendre la politique monétaire moins restrictive, peut-être plus que prévu par le marché", a déclaré le gouverneur de l'institution Andrew Bailey lors d'une conférence de presse.
Dans le rapport de mai sur la politique monétaire publié jeudi, M. Bailey signale "des nouvelles encourageantes sur le front de l'inflation" et dit penser "qu'elle tombera proche de notre cible de 2% dans les prochains mois", précisant cependant vouloir "davantage de preuves" en ce sens.
Deux membres du Comité de politique monétaire (MPC) ont voté pour une baisse de taux d'un quart de point, contre un seul vote en ce sens lors de la dernière réunion de mars, les autres s'exprimant en faveur d'un maintien du taux directeur à son plus haut niveau depuis 2008, à 5,25%.
Les économistes avaient anticipé le statu quo de la banque sur ses taux.
"La Banque doit équilibrer les risques entre une inflation coriace et celui de causer des dégâts non nécessaires à l'économie avec des taux d'intérêt élevés", qui pèsent sur les finances des ménages et des entreprises, a commenté Christopher Breen, économiste du centre de réflexion CEBR.
Après avoir flambé jusqu'à 11% fin 2022, l'inflation est largement retombée au Royaume-Uni, à 3,2% en mars.
Le mois dernier, M. Andrew Bailey, avait estimé que les chiffres portant sur avril, attendus ce mois-ci, "devraient faire état d'une forte chute" de l'inflation "vers la cible" de l'autorité monétaire, à savoir 2%, mais celle-ci sera due surtout à un abaissement du prix réglementé de l'électricité.
L'institution monétaire anticipe un rebond par la suite et dit vouloir être sûre que la hausse des prix retrouve son rythme ciblé de 2% d'une manière durable.
Les économistes de S&P Global tablent dorénavant sur "deux baisses de taux cette année, la première en août", tout en précisant qu'une forte incertitude demeure sur l'évolution de l'inflation.
Le marché du travail est encore tendu et les salaires montent encore rapidement au Royaume-Uni, bien qu'un peu moins vite.
Des risques inflationnistes persistent aussi en raison des tensions géopolitiques, surtout au Moyen-Orient, "bien que cela ait pour l'instant eu un impact limité sur le commerce et les prix du pétrole", note en outre la BoE.
La banque centrale britannique prévoit que l'inflation, "augmente légèrement dans la seconde moitié de l'année, jusqu'à environ 2,5%", avant de redescendre plus durablement vers son objectif.
Après une série de 14 tours de vis consécutifs entamée en décembre 2021, l'institution avait mis fin à son cycle de resserrement monétaire en septembre, et opté pour le statu quo depuis.
En amont de la décision, les cambistes avaient "cimenté leurs paris sur une action de la BoE plus rapide que celle de la Fed", la Réserve fédérale américaine, avec "deux réductions de taux attendues cette année" côté britannique, indiquait Neil Wilson, analyste chez Finalto.
Côté activité, "la croissance du PIB britannique s'est renforcée depuis le début de l'année", précise la BoE, renversant la tendance de la seconde moitié de 2023, au cours de laquelle le Royaume-Uni est tombé en récession technique.
L'institution monétaire britannique estime que le PIB a grimpé de 0,4% au premier trimestre, et a relevé ses prévisions de croissance à 0,5% pour l'ensemble de l'année 2024 et 1% en 2025 au Royaume-Uni.
Les chiffres officiels du PIB britannique pour le premier trimestre 2024 seront publiés vendredi.
L'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) prévoit de son côté que le Royaume-Uni affichera la plus faible croissance des pays riches du G7 l'an prochain, justement à cause, entre autres, de taux d'intérêt toujours élevés et d'une inflation têtue.
Après avoir d'abord accentué ses pertes après la décision de la BoE, la livre sterling réduisait son repli et cédait 0,13% à 1,2481 dollar vers 12H15 GMT.