La Banque d'Angleterre (BoE) a de nouveau laissé son taux directeur inchangé à 5,25% jeudi, dans un contexte économique morose au Royaume-Uni, mais l'institution a retardé ses objectifs de retour de l'inflation à 2% à la fin 2025 et a adopté un ton plus offensif que la Réserve fédérale américaine (Fed) la veille.
Le Comité de politique monétaire (MPC) "a voté à une majorité de 6 contre 3 pour le maintien de ses taux à 5,25%", trois membres se prononçant en faveur d'un rehaussement d'un quart de point, a précisé la banque centrale britannique dans les minutes de sa réunion.
La BoE emboîte ainsi le pas à la Réserve fédérale américaine (Fed) qui a laissé ses taux inchangés à l'issue de sa réunion mercredi, et à la Banque de Norvège, qui a pris la même décision jeudi.
La Banque centrale européenne (BCE) s'est également prononcée en faveur d'une pause la semaine dernière, après dix hausses d'affilée.
"Les pressions inflationnistes sous-jacentes restent élevées dans les économies avancées", soutenues au Royaume-Uni par la croissance des prix et des salaires, et les risques d'une hausse des prix de l'énergie en raison du contexte géopolitique incertain au Moyen-Orient, ajoute la BoE.
"Nous avons gardé les taux inchangés ce mois-ci, mais nous continuerons de les surveiller de près afin de voir si de nouvelles hausses sont nécessaires. Et il est encore trop tôt pour penser à des baisses de taux", a déclaré le gouverneur de la BoE Andrew Bailey dans un communiqué.
Vers 12H30 GMT, la devise britannique prenait 0,54% face au billet vert, à 1,2218 dollar pour une livre, le marché interprétant les commentaires de la BoE comme plus offensifs que ceux de son homologue américaine la veille.
La BoE a poursuivi sa pause, commencée en septembre, après un cycle de 14 tours de vis consécutifs qui avait porté son taux directeur à son plus haut niveau depuis début 2008.
La BoE avait progressivement rehaussé son principal taux d'intérêt depuis un plus bas de 0,1% maintenu jusque fin 2021.
"Les taux d'intérêts plus élevés fonctionnent et l'inflation baisse. Mais nous avons besoin de voir l'inflation continuer de baisser jusqu'à atteindre notre cible de 2%", a poursuivi M. Bailey.
L'inflation a stagné à 6,7% sur un an en septembre au Royaume-Uni, voyant sa baisse enrayée par le prix des carburants.
L'institut monétaire a maintenu son objectif de ramener l'inflation à 2% en 2025, mais a repoussé l'échéance à la fin de l'année, alors qu'elle prévoyait en septembre d'atteindre sa cible au deuxième trimestre.
Le contexte économique difficile du Royaume-Uni a laissé peu de marge de manoeuvre à la BoE pour maintenir son taux directeur.
L'autorité monétaire britannique prévoit désormais que la croissance britannique sera plate en 2024 (là où elle prévoyait en août que le Produit Intérieur Brut (PIB) grimperait de 0,5%), et de 0,25% en 2025 (en ligne avec les chiffres annoncés précédemment).
Le produit intérieur brut (PIB) britannique avait précédemment grimpé de 0,3% entre janvier et mars, puis de 0,2% entre avril et juin. La BoE estime désormais qu'il a stagné au troisième trimestre, là où elle s'attendait en septembre à une croissance de 0,1% sur la période.
La BoE précise qu'elle base ses prévisions sur les attentes du marché, qui entrevoit des taux inchangés jusqu'au troisième trimestre 2024, puis une baisse progressive jusqu'à 4,25% d'ici la fin 2026.
Si les salaires grimpent désormais plus vite que les prix au Royaume-Uni, la crise du coût de la vie atteint les Britanniques au porte-monnaie, de même que la montée des taux des prêts immobiliers, directement entraînés par les tours de vis de la banque centrale.
Si l'inflation britannique est redescendue du pic de 11,1% atteint octobre 2022 avec la flambée des prix de l'énergie, elle reste la plus élevé des pays du G7.
"Les dernières projections du MPC indiquent que la politique monétaire aura probablement besoin de rester restrictive pour une période de temps étendue", a également rappelé la BoE.