La banque centrale américaine (Fed) a annoncé mercredi une pause dans ses hausses de taux, pour la première fois depuis mars 2022 et après dix hausses d'affilée, afin de prendre le temps d'observer l'évolution de l'économie.
Le comité de politique monétaire de la Fed (FOMC), réuni depuis mardi matin, a décidé à l'unanimité de maintenir le principal taux directeur dans la fourchette de 5,00-5,25%.
Cette pause doit permettre d'"évaluer les informations supplémentaires et leurs implications pour la politique monétaire", a détaillé la Fed dans un communiqué.
"Cela donne à l'économie un peu plus de temps pour s'adapter, tandis que nous prendrons nos décisions suivantes", a ensuite précisé le président de la Fed Jerome Powell lors d'une conférence de presse.
Néanmoins, les responsables de l'institution prévoient majoritairement de relever encore les taux d'ici à fin 2023, jusqu'à 5,50-5,75%. L'un d'eux les voit même grimper jusqu'à 6,00-6,25%. Deux membres du comité anticipent toutefois un maintien des taux à ce niveau.
Cette perspective a fait plonger la Bourse de New York, qui a viré au rouge après la publication du communiqué de la Fed.
"La quasi-totalité des participants voit comme probable le fait que des nouvelles hausses de taux seront nécessaires cette année pour ramener l'inflation à 2%", a souligné Jerome Powell, évoquant cependant "un rythme modéré".
La majorité des responsables de la Fed voient ensuite les taux redescendre, à 4,25-4,50% en 2024.
Le FOMC a par ailleurs très légèrement abaissé sa prévision d'inflation cette année aux Etats-Unis, à 3,2% contre 3,3%, mais a, en revanche, relevé à 1,00% sa prévision de croissance du produit intérieur brut (PIB) américain pour 2023, contre 0,4% anticipé en mars.
Les débats parmi les responsables de la Fed avaient commencé mardi matin, deux heures après la publication des derniers chiffres de l'inflation américaine, qui avaient montré que la hausse des prix à la consommation avait fortement ralenti en mai, à 4,0% sur un an contre encore 4,9% le mois précédent, selon l'indice CPI, soit le plus bas niveau depuis mars 2021.
L'inflation est désormais deux fois moins élevée aux Etats-Unis qu'en juin 2022, lorsque le pic de 9,1% avait été atteint.
Cela reste toutefois bien supérieur aux 2,0% visés par la Fed, à la manoeuvre pour éteindre cette flambée des prix, mais l'institution commence à entrevoir son objectif.
Après dix hausses d'affilée, de cinq points de pourcentage au total, plusieurs de ses responsables s'étaient montrés favorables à cette pause.
Cela "permettrait d'observer plus de données avant de prendre des décisions sur l'ampleur" des hausses encore nécessaires, a notamment expliqué Philip Jefferson, l'un des gouverneurs de la Fed, et bientôt vice-président si le Sénat confirme sa nomination.
En outre, cette pause doit permettre d'éviter de trop peser sur la consommation et sur l'investissement, donc sur l'activité économique, et, surtout, d'éviter une récession.
Si le dernier indice CPI est paru mardi, la Fed privilégie, elle, une autre mesure de l'inflation, l'indice PCE, dont les données pour mai seront publiées fin juin et qui était reparti à la hausse en avril, à 4,4% sur un an.
Le marché du travail, lui, reste tendu, avec des pénuries de main-d'oeuvre qui perdurent, bien que la situation s'améliore. Les créations d'emplois en mai ont été très supérieures aux prévisions, mais le taux de chômage a grimpé plus qu'anticipé, à 3,7%. Les inscriptions hebdomadaires au chômage étaient début juin au plus haut depuis octobre 2021.