La Banque d'Angleterre a relevé jeudi ses taux pour la 13e fois consécutive et opté pour une marche plus haute que ces derniers mois pour contrer l'inflation britannique, la plus élevée des pays du G7.
Avec la première hausse de 0,5 point de pourcentage depuis février, la BoE remonte ses taux à 5%, un sommet depuis octobre 2008 et la grande crise financière.
"L'inflation mesurée par l'indice des prix à la consommation (CPI) est de plus en plus alimentée par des facteurs nationaux", s'inquiète le gouverneur de la BoE Andrew Bailey dans une lettre au ministre des Finances, correspondance obligatoire quand l'inflation dépasse l'objectif de 2% de la BoE.
"Les données récentes montrent que l'inflation est plus persistante que prévu, avec un marché du travail tendu et une demande qui résiste", explique le comité de politique monétaire (MPC) dans son communiqué.
Plus tôt dans la journée, la Banque centrale de Norvège a aussi opté pour une hausse de 0,5 point, tandis que celle de Suisse, où l'inflation est bien moindre, avait opté pour une hausse de 0,25 point, comme la Banque centrale européenne la semaine précédente.
La Turquie a également relevé son taux directeur de 8,5% à 15%, rompant avec deux ans de mesures économiques non conventionnelles, accompagnées d'une inflation à près de 40% en mai.
La Réserve fédérale américaine (Fed), elle, avait laissé ses taux inchangés alors que l'inflation décélère aux Etats-Unis.
Mais au Royaume-Uni, l'inflation s'est maintenue en mai à son niveau du mois précédent, à 8,7% sur un an, une persistance plus marquée que ne le prévoyait la BoE.
"Les conséquences sur les prix et les revenus au niveau local des chocs extérieurs", comme la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine, "vont probablement prendre plus de temps à disparaître qu'à apparaître", prévient le Comité de politique monétaire (MPC) dans les minutes de sa réunion.
Si les effets de la flambée des prix de l'électricité et des carburants en 2022, après l'invasion russe de l'Ukraine, commencent à s'estomper, l'inflation sous-jacente, qui exclut l'énergie, l'alimentaire, l'alcool et le tabac, a encore augmenté en mai, à 7,1% sur un an. Un sommet depuis mars 1992.
Or, c'est cet indicateur que les banques centrales tentent de juguler, pour éviter un cercle vicieux de hausse des prix et des salaires.
Et les investisseurs estiment que la BoE ne pourra pas se permettre d'en rester là et devrait porter son taux directeur à 6% d'ici à la fin de l'année.
La BoE s'est contentée, comme lors de ses dernières réunions, de prévenir que "s'il y avait plus de preuves de persistance des pressions (inflationnistes, ndlr), plus de resserrement de la politique monétaire serait nécessaire".
Mais ce resserrement commence à avoir des effets néfastes sur l'économie britannique, avec une envolée du coût de l'emprunt pour le gouvernement et des crédits immobiliers qui coûtent plus cher.
Dans un marché britannique dominé par des emprunts de particuliers aux taux renégociés tous les deux à cinq ans, de nombreux propriétaires vont voir leurs versements mensuels s'envoler cette année.
L'économie britannique pourrait avoir du mal à encaisser les conséquences des hausses des taux : si elle se porte un peu mieux que prévu, elle peine à retrouver son niveau d'avant la pandémie de Covid-19.
Deux membres sur neuf du MPC ont d'ailleurs voté contre une hausse des taux, jugeant plus opportun de les laisser inchangés.
"Le délai pour que la politique monétaire prenne effet signifie que les effets les plus importants des hausses passées n'ont pas encore été actés", s'inquiètent ces deux membres dans les minutes.
Un avis que ne semble pas partager le gouvernement britannique: "Notre détermination à (faire baisser l'inflation) est inébranlable car c'est le seul moyen à long terme de soulager la pression" qui pèse sur les Britanniques, a réagi jeudi le ministre des Finances Jeremy Hunt. "Si nous n'agissons pas maintenant, ce sera pire plus tard."