Néanmoins, selon les services du FMI, ramener l'inflation à environ 2 % d'ici fin 2024 (comme prévu actuellement dans le scénario central) nécessitera de nouvelles augmentations du taux directeur, rapprochant ainsi le taux directeur réel ex ante (actuellement à des valeurs négatives) du taux d'intérêt réel neutre (estimé entre 1 et 2%), lit-on dans ce rapport finalisé le 16 décembre 2022 et qui vient d'être rendu public.
Des résultats d'inflation plus élevés que prévu au cours des prochains mois appelleraient une augmentation plus rapide des taux d'intérêt et pourraient éventuellement adopter une politique restrictive.
En outre, la protection des réserves de change devrait être une priorité, compte tenu de l'incertitude exceptionnelle et du régime de taux de change fixe du Maroc avec une bande de fluctuations horizontale.
"Bien que les réserves de change soient à un niveau confortable, compte tenu également des contrôles de capitaux existants, il est important de les préserver afin qu'elles puissent fournir une protection contre la matérialisation des risques baissiers".
Bien que les services du FMI se félicitent des récents efforts visant à renforcer les prêts des prêteurs bilatéraux et multilatéraux, les autorités devraient continuer à diversifier leurs sources de financement et accéder aux marchés financiers internationaux.
Aussi, le FMI révèle que les nouvelles hausses des taux d'intérêt directeurs pourraient également contribuer à atténuer les pressions à la dépréciation du dirham, bien que la majeure partie de la dépréciation récente soit associée aux besoins de financement du commerce (et de couverture liée au commerce), qui devraient s'atténuer en 2023, une fois l'inflation et l'incertitude sur les perspectives mondiales et nationales sont plus faibles.
BAM devrait poursuivre les dernières étapes de la transition vers un cadre de ciblage de l'inflation et permettre au dirham de flotter librement. Cela renforcerait la résilience du Maroc aux chocs futurs, recommande l'institution.
Points de vue des autorités
Les autorités marocaines ont souligné durant les consultations que la meilleure contribution que la politique monétaire puisse apporter à l'activité économique au Maroc est d'assurer la stabilité des prix, et que la banque centrale était fermement déterminée à atteindre cet objectif.
À l'avenir, les futures mesures de politique monétaire dépendront des données, l'accent étant mis sur les résultats et les attentes en matière d'inflation. Les autorités ont également minimisé le rôle joué par le différentiel de taux d'intérêt dans la conduite du dirham, compte tenu de la part limitée des flux volatils d'investissements de portefeuille et du contrôle des capitaux sur les résidents au Maroc. Ils s'attendaient à ce que les pressions à la dépréciation s'atténuent en 2023 avec la réduction du déficit du compte courant. Ils partagent le point de vue des services du FMI selon lequel une inflation élevée et une incertitude élevée rendent plus difficile la transition vers la phase finale du régime de ciblage de l'inflation, mais se sont engagés à poursuivre les travaux préparatoires qui assureraient une transition en douceur lorsque les conditions deviendront plus favorables.