Autour de 100 Mds de dirhams par an, les transferts des MRE représentent désormais 8% du PIB et aident à financer plus du tiers du déficit commercial et représentent près de 20% des ressources collectées par les banques, a indiqué le Wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, à l’occasion du Forum pour la réduction des coûts des transferts de fonds de la diaspora africaine tenu ce jeudi à Rabat. « Il est particulièrement important de constater la remarquable résilience de ces flux, surtout en temps de crise, ce qui est en fait un véritable filet de sécurité pour les pays et familles bénéficiaires », a-t-il indiqué.
Pour profiter de cette panne financière, les pouvoirs publics et la Banque Centrale ont poussé à la diversification des cannaux de transmission et à la réduction des coûts. Actuellement, les banques marocaines sont a présentes dans 27 pays du continent et dispose de filiales et succursales dans 7 pays européens et d’une cinquantaine de bureaux de représentation à travers différentes régions du globe.
Cette infrastructure a permis de nouer et maintenir un contact étroit et de proximité avec les différentes générations de MDM et de favoriser leur bi-bancarisation.
Une réglementation de plus en plus contraignante
Néanmoins, force est de constater que plusieurs défis méritent d’être soulignés. Et pour le Wali « c’est particulièrement le cas en Europe, où les activités d’accompagnement des Marocains du Monde pratiquées depuis des décennies par les banques marocaines en toute transparence et dans le respect des réglementations locales sont depuis quelques années confrontées à un durcissement sans précédent de leurs conditions d’exercice. En effet, plusieurs autorités bancaires de pays de l’Union ont décidé de suspendre l’activité d’intermédiation opérée par les filiales bancaires situées en Europe auprès de la diaspora et pour le compte de leurs maisons mères marocaines ».
Les conditions de prestation de cette activité vont davantage se durcir si le projet de directive européenne relatif notamment aux succursales de pays tiers est voté en l’état.
Ce projet, dont l’adoption est imminente, prévoit l’interdiction pour les banques étrangères non établies dans l’UE d’offrir des services bancaires du pays d’origine directement à leurs clients résidant dans un pays de l’Union.
« Il nous semble qu’une action diplomatique d’envergure de nos pays est nécessairepour alerter sur ces développements préoccupants et œuvrer à préserver les acquis et à maintenir les liens, tout particulièrement des dernières générations des migrants sur le sol européen avec la mère patrie », a réclamé le Wali.
A ces contraintes, s’ajoute la convention de l’OCDE portant sur l’échange d’informations fiscales dont l’entrée en vigueur prochaine suscite la grande inquiétude des Marocains du Monde. «Il sera nécessaire d’œuvrer, dansl’intérêt de notre continent et de nos compatriotes, pour que cette norme soit déployée sans entraver les transferts de fonds des migrants ».