Après une période de tension sur le marché de change qui a conduit la paire USD/MAD sur des sommets de 20 ans, impactée par le durcissement des politiques monétaires et les dérapages inflationnistes, la situation tend à se normaliser. Le Dirham s’est progressivement apprécié depuis le début d’année pour revenir à des niveaux plus normatifs (dans la moyenne de la période entre 2015 et début 2022).
Il faut dire que la hausse du billet vert n’a pas été une bonne nouvelle pour presque aucun pays. Traditionnellement, un Dollar fort pousse l’activité économique des États-Unis à ralentir et l’inflation américaine à être exportée. Une inflation que le Maroc a importée et payée cher, comme en témoignent les évolutions macroéconomiques de 2022.
Pour l’heure, nous ne sommes pas dans les niveaux de 2008 avec une paire USD/MAD autour des 7. Au cours de la semaine allant du 3 au 7 juillet, la paire USD/MAD a connu une dépréciation de 0,75% à 9,81, atteignant ainsi un plus bas depuis avril 2022, comparé à 9,88 une semaine auparavant.
Cette évolution pourrait avoir des conséquences favorables pour les entreprises qui dépendent des importations de matières premières ou de biens pour leur production. Grâce à une devise plus forte, les coûts d'approvisionnement des importations pourraient diminuer de manière significative. Cette réduction des coûts représente une opportunité pour ces sociétés, car elle pourrait entraîner une augmentation de leurs marges bénéficiaires. Avec des coûts d'importation réduits, elles pourraient optimiser leurs opérations et renforcer leur compétitivité sur le marché.
Outre les avantages économiques internes, une devise plus forte pourrait également contribuer à atténuer les pressions inflationnistes importées. En effet, lorsque la monnaie locale se renforce, le prix des produits importés devient plus abordable pour les consommateurs locaux. Cette baisse des prix sur les produits importés pourrait permettre de stabiliser les taux d'inflation, voire de les réduire.
Une situation délicate pour les exportateurs
Un renforcement du Dirham peut avoir un impact négatif sur les exportations du pays. Les produits et services marocains deviennent relativement plus chers sur les marchés internationaux, ce qui rend les exportations moins compétitives. En conséquence, les sociétés marocaines dépendantes des exportations risquent de subir une diminution de leurs revenus et de leurs bénéfices.
Cette situation est particulièrement préoccupante pour certaines industries, telles que l'industrie chimique. Déjà affectée depuis mi-2022 par une baisse de la demande extérieure pour les engrais phosphatés, en particulier en provenance de l'Inde et du Brésil, l'activité de cette industrie risque de souffrir davantage avec la hausse du Dirham face au Dollar. De plus, l'activité minière liée à la faible demande extérieure pour les produits de phosphate roche devrait également être impactée, même si elle est partiellement compensée par le maintien de cours élevés à l'export.
Diminution du coût de la dette extérieure
La diminution du coût de la dette extérieure est un autre aspect important de l'impact du renforcement du Dirham marocain par rapport au Dollar américain. Les entreprises qui ont emprunté en devises étrangères peuvent bénéficier de cette situation. Lorsque la valeur du Dirham s'apprécie, le montant en dirhams nécessaire pour rembourser la dette diminue, ce qui réduit le fardeau financier des emprunteurs. Cela peut avoir un impact positif sur les finances et contribuer à améliorer les conditions financières.
En réduisant le coût de remboursement de la dette, les entreprises peuvent alléger leurs obligations financières et disposer de ressources supplémentaires pour investir dans leur activité, développer de nouveaux projets et renforcer leur compétitivité. De plus, une situation financière plus saine peut également permettre aux entreprises de mieux faire face aux fluctuations économiques et aux défis potentiels, ce qui peut contribuer à la stabilité globale du secteur. Ainsi, une dette réduite peut aider à diminuer les pressions inflationnistes. Lorsque les entreprises ont une charge financière plus légère, elles peuvent mieux maîtriser leurs coûts de production, ce qui peut limiter les pressions inflationnistes transmises aux consommateurs.
Du côté du Trésor, une dette extérieure moins onéreuse peut contribuer à alléger les finances publiques en libérant des ressources qui auraient été autrement consacrées au remboursement des dettes. Ces ressources supplémentaires peuvent être réallouées à d'autres priorités nationales, telles que les investissements dans les infrastructures, les programmes sociaux, l'éducation ou la santé. En conséquence, cela peut stimuler la croissance économique et améliorer le bien-être général de la population. Il est important de noter que le ratio de la dette extérieure garantie devrait se situer à 13,6% du PIB après de 13,8% en 2023.