Après les années folles où Risma a énormément recouru à l'endettement pour financer la croissance, la société de gestion spécialisée dans l'hôtellerie se retrouve désormais dans l'impasse : Difficile de rentabiliser les projets avec le ratio dettes/fonds propres actuels. Désormais, le management va se focaliser sur ce problème, mettant la rentabilité de côté.
Le pic a été atteint en 2013 lorsque le cumul des dettes atteignait 2,48 Mds de dirhams, ce qui représentait jusqu'à 235% des fonds propres. Aujourd'hui, les dettes sont de 2,42 Mds de dirhams et représentent, à fin 2015, 163% des fonds propres. Lors de la présentation des résultats ce matin, le management a expliqué que l'objectif de Risma est de ramener cette dette à 100% des fonds propres sur trois ans. La conversion des ORA qui a eu lieu récemment y contribuera, mais c'est surtout un coup de frein dans le développement qui permettra d'atteindre cet objectif. Comment ? Risma souhaite céder 4 de ses actifs, sans spécifier lesquels, mais le management déclare souhaiter se recentrer sur l'Axe Marrakech-Casablanca-Rabat. Le développement de nouveaux établissements sera pour sa part réduit au strict minimum après l'achèvement des projets en cours, en somme quelques Ibis...
Ce reprofilage du bilan aura un impact positif sur le résultat de près de 40 MDH, qui correspondent aux intérêts des ORA que la société cessera maintenant de payer. Pour le reste, Risma devra générer de la croissance, du chiffre d'affaires, à périmètre constant. Or, malgré un taux d'occupation global supérieur à 65% en moyenne pour les hôtels de la galaxie Risma, l'année 2016 s'annonce morose. "Je ne vous le cache pas, l'année démarre timidement", déclarait ce matin Amine Echherki, président du Directoire. Les hôtels Risma disposent d'une clientèle française à majorité et cette dernière affiche justement l'un des taux d'arrivées touristiques les plus faibles du marché. En d'autres termes, et sans jouer sur des effets périmètres, la conjoncture a de fortes chances d'avoir raison du groupe encore une fois en 2016. Priorité à la dette, dit le management.
Risma affiche en 2015 une perte sèche de 71 MDH avec un résultat financier négatif de 159 MDH et une charge non-courante de 13 MDH à cause de détournements subis dans deux hôtels du groupe. Ces détournements que le management préfère appelé "irrégularités comptables" ont coûté aux actionnaires 127 MDH en fonds propres. "Il s'agit de charges engagées et dissimulées entre 2011 et 2015 dans deux hôtels à Agadir et qui ont eu un impact global de 350 MDH", déclare Echherki. Deux hôtels gérés par la même équipe et qui s'est constituée en "bande". Le dossier est devant la justice et Risma négocie parallèlement avec les responsables pour essayer de récupérer une partie de cette somme. Les - 13 MDH passés cette année en compte de résultats correspondent aux montants détournés en 2015.