Nouveau rebondissement, sans doute le dernier, dans l'affaire BTK Tunisie.
L'Etat tunisien s'était engouffré l'an dernier, et à la surprise générale, dans les négociations exclusives entre le français BPCE et le groupe marocain BCP qui souhaitait s'offrir 4 filiales africaines du groupe français. Toutes les négociations avaient abouti, sauf en Tunisie, où le gouvernement sortant avait finalement préféré reprendre les parts du français qui détenait 60% du capital de la banque.
Une cérémonie avait même eu lieu en décembre 2019 et des photos ont été diffusées avec un communiqué de presse annonçant la signature du contrat de vente entre l'Etat tunisien et BPCE. Mais, selon nos informations, aucun closing n'a eu lieu. Le gouvernement actuel a voulu faire marche arrière et a invité la BCP à revenir sur la table des négociations pour reprendre BTK Tunisie. Le groupe marocain a finalement dit non.
Peut-être surpris par l'intervention inattendue de l'Etat tunisien qui a fait échouer les négociations avec les anciens actionnaires de BTK, et profitant du contexte actuel, le groupe au cheval s'est tourné vers d'autres banques à potentiel en Tunisie. Une source bancaire tunisienne nous explique en effet que le groupe au cheval «regarde en ce moment d'autres opportunités sur le sol tunisien».
Nouvelle route de la soie
Ces informations ont été obtenues deux jours après le vote en commission des Finances du parlement de la réforme du Crédit Populaire du Maroc et selon laquelle, les Banques Populaires Régionales (BPR) vont se diluer dans le capital de la BCP pour passer de 51% actuellement à 34% à terme. Il y aurait donc 17% du capital du groupe à prendre par d'autres investisseurs. Le lendemain de ce vote, l'agence Bloomberg rapportait que la BCP envisagerait d'ouvrir une partie de son capital à des investisseurs asiatiques. La dépêche Bloomberg n'en parle pas mais une opération de la sorte serait en parfaite harmonie avec le positionnement du groupe à l'international, qui a renforcé l'automne dernier son empreinte géographique dans l'Océan indien, porte d'accès essentielle pour la Chine sur les nouvelles Routes de la soie. Un partenariat avec un groupe bancaire asiatique, chinois en l'occurrence, permettrait à la BCP de devenir un acteur des plus importants pour le financement des investissements chinois sur le continent.
A rappeler que la réglementation ne permet pas à un investisseur de détenir plus de 15% du capital de la banque. Voir donc les 17% du capital à céder par les BPR passer dans les mains d'un seul nouvel investisseur n'est donc pas envisageable, d'autant plus que la réforme prévoit une dilution progressive des BPR, laissant entrevoir un changement capitalistique de la BCP en plusieurs étapes.
Même le mode opératoire pourrait prendre plusieurs formes. L'une paraît particulièrement intéressante et a été développée par le ministre des Finances devant les parlementaires mardi. Il s'agirait d'un échange d'actions avec un groupe étranger de grande taille pour permettre des liens capitalistiques sans engager des ressources financières. On peut également imaginer une opération mixte d'échange de titres et d'apport en cash. Bloomberg évoque l'éventualité d'une partie en cash.
Selon Bloomberg, la BCP devrait engager des négociations avec ses futures partenaires en 2021, dans le cadre de son prochain plan stratégique.
A.H