Endettement, placements, épargne…A quoi ressemble un épargnant marocain.
Le dernier rapport sur la stabilité financière concocté par les régulateurs du secteur financier est une véritable mine d’or. On y apprend notamment beaucoup sur le patrimoine financier des ménages.
D’abord, d’un point de vue macro, le patrimoine financier des ménages a dépassé les 1.000 milliards de dirhams en 2023. Son rythme de progression a connu une décélération de l’ordre de 4,8% par rapport à l’année dernière, due notamment au ralentissement des dépôts bancaires. Parallèlement, la dette financière des ménages, détenue par les banques et les sociétés de financement, a atteint 411,6 milliards de dirhams, en hausse de 3,2%, et représente 28% du PIB - un niveau comparable à celui des années précédant la crise sanitaire.
Le taux de défaut des ménages demeure élevé, s’établissant à 10,1% après 9,8% enregistré en 2022. L’analyse des données recueillies auprès des principaux établissements de crédit, relatives aux nouveaux crédits accordés aux particuliers au titre de l’année 2023, fait ressortir en moyenne une charge de dette de 35% de leurs revenus, soit quasiment le même niveau observé l’année dernière sur les données analysées.
Les ménages continuent de renforcer leur patrimoine financier avec, néanmoins, une appétence plus marquée pour les instruments de marché de capitaux. En effet, après un rythme de croissance annuel moyen de près de 5,4% sur les trois dernières années, les dépôts bancaires des ménages n’ont évolué que de 3,6% en 2023, s’établissant à 833 milliards de dirhams. Cette décélération a touché aussi bien les dépôts à vue que les comptes d’épargne, totalisant respectivement 561 milliards de dirhams (+5% contre 9,7% en 2022) et 180 milliards de dirhams (+3,2% contre 5,3% en 2022 et une moyenne de 7,1% au cours des dix dernières années).
Parallèlement, les dépôts à terme, totalisant en 2023 près de 83 milliards de dirhams, se sont de nouveau contractés de 2,5%, poursuivant leur tendance baissière depuis 2017 (à l’exception de l’année 2019, qui a été marquée par une croissance positive de l’ordre de 2%).
Baisse des dépôts bancaires au profit des placements plus risqués
La baisse progressive et tendancielle du rendement des dépôts à terme peut expliquer l’essoufflement des placements bancaires, jugés moins attractifs par les ménages, nonobstant la hausse des taux observée en 2023. Les placements des ménages sous forme de contrat d’assurance Vie ont maintenu un rythme de progression soutenu, quoiqu’en décélération. Ils ont enregistré une hausse de 9,2% après 12% une année auparavant. Leur part s’est renforcée progressivement dans le patrimoine financier des ménages, s’établissant à 11,8% en 2023 contre 8,4% il y a dix ans, en lien notamment avec les avantages fiscaux y associés.
Parallèlement, les placements des ménages en valeurs mobilières ont connu une hausse notable de 11,4%, culminant à près de 71 milliards de dirhams. Cet encours a été multiplié par 1,5 fois en moins de 6 ans, reflétant un intérêt grandissant pour ce type d’actifs. La structure de ces placements est demeurée globalement stable. Les titres de propriété, constitués des actions et des parts d’OPCVM et représentant une part de 90% de cet encours, ont enregistré une hausse de 8%. Les titres de créances privées, comportant essentiellement des certificats de dépôts et des obligations, ont marqué une augmentation de 24% pour atteindre 5,2 milliards de dirhams. Pour leur part, les titres de l’État ont connu une hausse importante, passant de 0,2 milliard de dirhams en 2022 à 1,7 milliard de dirhams en 2023.