L’agence de notation Standard & Poor’s a décidé, à l’issue de sa mission au Maroc en septembre 2025, de relever la note souveraine du Royaume. Cette décision marque le retour du Maroc dans la catégorie tant convoitée de l’Investment Grade, avec une notation de ‘BBB-/A-3’.
La révision à la hausse de la notation souveraine constitue un tournant majeur. Elle confirme la solidité des fondamentaux macroéconomiques et valide les efforts de consolidation budgétaire et de discipline monétaire engagés ces dernières années. Pour les investisseurs internationaux, le message est clair. Il signifie que le risque pays diminue, ouvrant la voie à un retour plus massif des flux de capitaux vers le Maroc. Plusieurs organismes publics et privés internationaux ont en effet un univers d’investissement limité à l’Investment Grade, ce qui avait exclu le Royaume de leurs radars depuis plusieurs années.
Effet immédiat sur le marché obligataire
Pour le Trésor, le retour à l’Investment Grade permettra également d’accéder à de nouveaux types d’investisseurs et d’améliorer la demande potentielle sur la dette marocaine en devise. Les prochaines émissions souveraines à l’international devraient naturellement bénéficier de conditions plus avantageuses en termes de spreads.
Selon les opérateurs de marché que nous avons sollicités, le Trésor devrait tenter rapidement de tirer parti de cette perspective en mettant en avant auprès des investisseurs locaux sa meilleure accessibilité aux financements internationaux, afin de faire baisser les taux sur le marché domestique. Sa capacité à convaincre qu’il peut se détourner du marché local constitue un élément essentiel à surveiller.
Pour les entreprises comme l’OCP et les banques, la requalification du souverain ouvre la possibilité d’une amélioration de leurs propres notations, aujourd’hui plafonnées par celle du Royaume. Cela facilitera leurs levées de fonds sur les marchés internationaux et élargira leur base d’investisseurs. C’est particulièrement vrai pour l’OCP, qui émet de la dette privée en devise et dont la notation avait basculé en catégorie spéculative en raison de celle du Maroc.
La baisse attendue du spread souverain marocain devrait se traduire par un renforcement de l’arbitrage des investisseurs en faveur des actions, afin de compenser la faiblesse des rendements obligataires. Côté analystes, une baisse des taux se traduit mécaniquement par une réduction du taux d’actualisation appliqué aux actifs financiers. Ce mécanisme accroît automatiquement la valeur fondamentale des actions et renforce l’attractivité de la Bourse de Casablanca.
Au-delà de l’impact indirect via le marché obligataire, les opérateurs rappellent que le retour à l’Investment Grade élargit le champ des investisseurs étrangers éligibles sur le marché boursier. De nombreux gérants de fonds internationaux sont tenus par mandat de n’investir que dans des pays classés Investment Grade. Le Maroc redevient donc éligible à ces portefeuilles, ce qui devrait accroître la profondeur et la liquidité du marché, et faciliter même le retour tant attendu dans l’indice MSCI Emerging Markets.
En toile de fond, cette décision valide la trajectoire économique et financière du Royaume. Elle envoie un signal positif aux créanciers, aux investisseurs institutionnels et aux partenaires internationaux.
Le marché des capitaux marocain, comme tout marché, fonctionne avant tout à long terme grâce à la confiance et à la visibilité macroéconomique. Deux ingrédients qui se trouvent aujourd’hui renforcés par cette nouvelle notation.