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Adil Douiri, PDG de Mutandis, s’est prêté à l’exercice d’un dialogue direct avec les épargnants lors de la 2ᵉ édition du Salon de l’Épargne. Avec clarté et pragmatisme, il a détaillé les performances, la stratégie et les ambitions d’une entreprise qui, tout en restant solidement ancrée au Maroc, nourrit une dynamique de croissance au-delà des frontières. Une prise de parole sans artifice, où chiffres et vision se sont combinés pour analyser le modèle unique de cette société cotée. Détails.
Adil Douiri a d’abord présenté Mutandis comme une entreprise industrielle ancrée au Maroc avec 11 usines réparties dans différentes régions. Spécialisée dans la production et la distribution de produits du quotidien, l’entreprise se distingue par une approche axée sur l’épicerie traditionnelle. «Notre métier, c’est de fabriquer des produits de qualité égale ou supérieure à celle des grandes marques, mais à un prix compétitif», a-t-il expliqué.
Mutandis se concentre sur trois grands segments :
- Hygiène et propreté : Avec des marques comme Magix et Maxis, qui dominent le marché marocain dans des catégories traditionnellement occupées par des multinationales.
- Alimentation : L’innovation est au cœur de ce segment avec des produits comme le filet de sardines sans peau ni arêtes, baptisé Josiane, une alternative locale au thon importé.
- Boissons : Sa marque historique Marrakech se diversifie avec des gammes plus accessibles comme Fruit, répondant à une demande croissante pour des boissons naturelles.
Parallèlement, Mutandis se distingue par sa structure en commandite par actions, qui permet à l’entreprise de lever des fonds tout en conservant un contrôle opérationnel solide. Adil Douiri, associé commandité, conserve la direction tout en partageant le capital avec une base diversifiée d’actionnaires.
Cette structure est particulièrement adaptée au capitalisme familial et offre une grande flexibilité pour les entreprises cotées souhaitant préserver leur indépendance stratégique. «Nous n’avons pas d’actionnaire majoritaire. Cela nous permet de grandir rapidement et de lever du capital en toute sérénité», a précisé le dirigeant.
Avec 7% du capital détenu par Adil Douiri et 11% par des institutions comme RMA et Bank of Africa, Mutandis cultive un modèle d’actionnariat éclaté, favorisant l’engagement des petits porteurs.
Malgré les tensions sur les matières premières, Mutandis anticipe une croissance de 20% de son chiffre d’affaires en 2024, portée par une optimisation des marges et une montée en puissance des nouvelles usines. «Nous avons retrouvé des marges solides après une période marquée par des hausses de coûts significatives. L’année 2024 s’annonce exceptionnelle», affirme le PDG.
À moyen terme, l’objectif est tout aussi ambitieux : une croissance de 50% du résultat net d’ici 2027, atteignant environ 200 millions de dirhams contre 130 millions cette année.
Par ailleurs, bien que la production reste exclusivement marocaine, Mutandis réalise déjà 50% de son chiffre d’affaires à l’international. Les États-Unis, avec 700 millions de dirhams, représentent un marché clé, suivis par l’Afrique centrale (300 millions de dirhams) et l’Allemagne (70 millions de dirhams).
Toutefois, l’entreprise n’envisage pas d’implanter d’usines hors du Maroc. «Notre production reste locale, mais notre ambition est mondiale», résume Douiri, insistant sur la compétitivité de la base industrielle marocaine.
Alors que Mutandis finalise un cycle d’investissements majeurs — quatre nouvelles usines construites entre 2022 et 2024 pour un total de 450 millions de dirhams —, l’entreprise prévoit une stabilisation de ses dépenses à 80 millions de dirhams par an.
Cette rationalisation permet une redistribution accrue des bénéfices aux actionnaires, avec un dividende en hausse de 20 % dès 2024. «Nous cherchons à récompenser nos actionnaires tout en maintenant une gestion prudente de notre dette et de nos investissements », explique le PDG. Il faut dire que Mutandis mise sur l’actionnariat populaire pour renforcer son modèle économique. En multipliant les rencontres avec les épargnants individuels, l’entreprise souhaite établir une relation de confiance et encourager la participation des petits porteurs à ses projets de croissance.
Au final, pour Adil Douiri, l’enjeu reste la pérennité de la relation avec les investisseurs : «Nous avons vocation à être une entreprise de confiance pour nos actionnaires, qu’ils soient institutionnels ou particuliers, et à poursuivre notre chemin vers une croissance durable et partagée».