Bien que le secteur bancaire participatif marocain affiche des taux de progression prometteurs, il en est toujours à ses premiers balbutiements, indique Finéopolis institute qui vient de lancer son briefing sur les résultats du secteur bancaire participatif marocain à fin juin 2020.
Les banques participatives souffrent encore d’un déséquilibre de gestion bilancielle important dû à plusieurs facteurs, d'après ce Briefing, qui cite notamment un niveau de dépôts trop faible par rapport aux encours qui ne dépasse pas 35%, et un niveau de dépôts courants peu élevé par rapport aux dépôts d’investissement (rémunérés et à terme), un phénomène contre-nature, du moins dans le contexte particulier du Maroc, menacent la rentabilité de ces institutions dont le modèle d’affaires repose structurellement sur un niveau important de ressources gratuites.
Ce déséquilibre bilanciel est exacerbé par une très grande concentration du portefeuille des financements dans l’immobilier dont les durations sont typiquement longues (à plus de 10 ans) face à des ressources de courtes maturités (WBI, dépôts d’investissement et dépôts à vue) et une quasi-absence d’instruments de refinancement à des maturités plus longues type Sukuk.
"À ce titre, un recentrage vers des segments tels que les professions libérales et les TPME, dont les financements sont caractérisés par des durations plus courtes, constitue une voie qui semble offrir un rééquilibrage possible de la gestion actif passif des banques participatives", estime l'institut.
Par ailleurs, ce briefing souligne que le secteur bancaire participatif fera vraisemblablement face dans les prochains mois à sa première vague d’impayés compte tenu de l’aggravation de la situation économique et de la progression sans précédent des taux de créances en souffrance dans l’ensemble du secteur bancaire.
De plus, la crise sanitaire du Covid-19 fait peser un autre risque majeur sur le secteur, dû à l’absence de couverture Takaful, "car en cas de décès ou invalidité des clients, les banques et fenêtres participatives vont devoir gérer un "risque social" de conflit avec leurs ayants droit", explique l'analyse.