Le trésor a levé près de 7 Mds de dirhams lors de l'adjudication du 10 novembre tout en envoyant une série de signaux aux investisseurs. En face, ces derniers ont demandé 9,2 Mds de dirhams sur l'ensemble des maturités proposées, du court au long terme.
Les résultats de l'adjudication montrent une hausse sensible des taux par rapport aux dernières levées ou aux taux sur le marché secondaire. Sur le 26 semaines, la hausse atteint jusqu'à 15 points de base (pbs) par rapport à la dernière levée, 9,6 pbs sur le 52 semaines, 8,4 pbs sur le 5 ans et 25 pbs sur le 15 ans qui a été adjugé à 2,85% pour un faible montant de 150 MDH.
Comparé au marché secondaire, le 15 ans a été émis 10 pbs au-dessus du prix du marché. D'ailleurs, le faible montant levé sur cette maturité, s'apparente pour les gérants d'actifs à "un marquage de cours" signifiant que le trésor est près à payer le prix si les investisseurs montrent plus d'appétit sur les maturités longues lors des prochaines adjudications.
A noter que les besoins du trésor pour le seul mois de novembre s'établissent à plus de 15 Mds de dirhams, "soit plus que le double de ceux annoncés en octobre et une hausse de près de 60% par rapport à la moyenne observée durant les 3 derniers mois", écrivaient les analystes d'Attijari Global Research dans leur Hebdo taux publié le 9 novembre qui expliquent cette hausse des besoins par les pressions sur les finances publiques.
Une hausse des taux anticipée
le marché ne semble pas surpris par cette accélération des taux sur le marché primaire bien qu'elle risque de provoquer quelques secousses sur le marché obligataire bien orienté jusqu'à présent grâce aux taux bas.
En effet, les investisseurs s'attendaient à ce comportement des taux puisque le trésor a pris du retard sur son calendrier de levées d'une part et, d'autre part, n'a pas suffisamment mobilisé de ressources lors de sa sortie à l'international qui n'a finalement servi qu'à faire face à une tombée de même montant en euro début octobre.
Désormais, les regards sont tournés vers 2021 où le trésor devra en plus de faire face au déficit important, rembourser une multitude de levées réalisées sur des maturités inférieures à un an en 2020.
L'Etat a prévu de réaliser 10 Mds de dirhams de privatisations et financer une partie de ses investissements par des partenariats publics privés en 2021. Mais cela ne semble pas écarter les anticipations de poursuite de la hausse des taux les mois à venir par les investisseurs. Ceci renforce leur sentiment de voir la banque centrale décider d'atténuer ces tensions en actant une nouvelle baisse du taux directeur en décembre 2020 ou en mars 2021.