Le taux d'intérêt de l'emprunt des Etats-Unis arrivant à échéance dans dix ans a dépassé lundi le seuil des 5%, une première depuis novembre 2007, au début de la crise financière des subprimes.
Le rendement des bons du Trésor à 10 ans a atteint 5,018% vers 11H40 (09H40 GMT), poussé notamment par la perspective que la banque centrale américaine maintienne ses taux directeurs élevés pour longtemps, afin de lutter contre l'inflation.
La semaine dernière, Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale (Fed) américaine avait jugé l'inflation américaine toujours "trop élevée" et n'avait pas exclu un relèvement supplémentaire de ses taux directeurs, son principal outil pour lutter contre la hausse des prix.
Dans un rapport publié vendredi, l'institution monétaire a estimé qu'une escalade des conflits en Ukraine et au Moyen-Orient "ou une aggravation d'autres tensions géopolitiques pourraient réduire l'activité économique et stimuler l'inflation à l'échelle mondiale", ravivant la nervosité du marché obligataire.
Compte tenu de la solidité actuelle de l'économie, la Fed répète depuis plusieurs mois qu'une baisse de ses taux n'est pas d'actualité et qu'il faudra probablement les maintenir à des niveaux élevés pour un moment, afin de s'assurer que les pressions inflationnistes ne refassent pas surface.
"La hausse des taux longs tient en partie à la résilience de l'économie américaine et au fait que la Fed, même si elle joue la carte de la prudence, continue de souligner le besoin éventuel d'un durcissement supplémentaire de la politique monétaire", souligne Sebastian Paris Horvitz, directeur de la recherche de LBP AM.
Cependant, les analystes ne s'expliquent pas complètement la poussée de fièvre récente du marché obligataire.
L'augmentation des montants empruntés par le Trésor américain est un des facteurs qui peut expliquer la hausse des rendements, d'autant plus que l'accélération de l'offre de dette se conjugue à un ralentissement de la demande.
La Fed est engagée dans un programme dit de resserrement quantitatif, ce qui signifie qu'elle cherche à réduire la taille de son portefeuille de bons du Trésor, jugé trop volumineux.
Le prix des obligations évolue en sens opposé de leurs taux, ainsi lorsqu'il y a beaucoup d'obligations offertes sur le marché pour peu d'acheteurs, le prix du titre de dette baisse et son taux grimpe, pour attirer plus d'investisseurs.